Magazine Côté Femmes
LVMH est une vaste mascarade pour les enfants de Brooklyn et c'est tant mieux car ils se donnent pour mission de donner un nouveau souffle à la mode. Ils vont plus loin, des fois trop loin, pour flirter avec l'art contemporain. Callahan se révolte quand on le titille avec son statut d'artiste : "Je suis diplômé d'une des plus grandes écoles d'art des États-Unis et parce que je fais des vêtements, mon art serait censé être de seconde zone ?". Non, bébé, c'est vrai mais va t'en plaindre à ceux qui ont fait de notre passion un vulgaire commerce…Il n'empêche qu'il se battra jusqu'à son dernier souffle, rêvant pour la couture d'une nouvelle époque "Warholienne". Ils en seront le moteur, ils le disent eux-mêmes : c'est un état de siège, une guerre de la créativité contre le marketing. La jeunesse et la rue ont toujours triomphé à travers les époques, pourquoi pas cette fois ?Brooklyn vomit les blogs et la presse qui moutonnent, les "lobotomisés" comme ils les appellent. Ils sont éminemment conscients du monde qui les entoure et c'est dans cette force unie qu'ils peuvent se permettre de ne pas transiger. Petits artistes, ils en deviendront de grands révolutionnaires, c'est une évidence… La fête qu'ils ont organisée avec un naturel troublant pendant notre séjour prouve cette théorie. Nous ne sommes pas là pour passer de simples vacances mais pour rejoindre les rangs de la résistance américaine : attaché de presse, styliste, photographe, designer ou simples modasses, ils étaient tous là pour s'annoncer, pour dire "qui fait quoi et pourquoi". Comme des espions qui s’intègrent à la société normalisée de jour, ils se présentent comme des guerriers la nuit, tendant une main charitable à qui voudra bien la prendre. On n’a jamais vu un cercle aussi soudé grâce à Facebook, qui devient la principale arme de diffusion d'informations et par conséquent de soutien aux différents projets. Prenez l'exemple de Ms Fitz dont on vous conseille de parcourir l'excellent blog: véritable icône du Brooklyn mode, son avis devient beaucoup plus important que celui du très fade Vogue américain dont finalement tout le monde se fout. Cette Australienne au look "alienesque" est accessible, un peu folle sur les bords et surtout n'a aucun tabou stylistique, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un vrai sens critique acerbe. Ses conseils deviennent alors de vraies perles de franchise qui se font d'une rareté inquiétante dans notre monde. La critique, tabou ultime, est pourtant la seule preuve évidente d'une subjectivité constructive. Cette jeunesse brooklynoise l'a bien compris et la respecte. C'est d'ailleurs pour ça que nous-mêmes, nous les respectons. Ms FITZ, Icône des temps modernes? Nouvelle papesse d'une mode vraie?Il y a aussi les improbables maris, " tous bons à épouser", que nous a offerts le petit quartier de New York. Ils ne sont pas tous d'une beauté implacable, ils le deviennent par leur vraie intelligence et leur réflexion artistique qui ne se font que trop rares… Oui, ça nous excite de se dire que l'on pourrait vivre les quarante prochaines années de notre vie avec un mec qui a un cerveau et qui s'en sert. Il est bon de savoir que finalement, nous ne sommes pas les seuls à penser que la mode est corrompue et qu'elle pourrit à petit feu. Sa jeunesse n'y croit même plus. À l'intérieur même de celle-ci, on souffle d'exaspération, on recherche une autre voie, on cherche à se détacher… On n'a pas peur alors. Si les vingtenaires se mettent à bouillonner, il est certain que ça va exploser. La seule chose que l'on peut espérer, c'est qu'ils seront assez forts pour tenir leurs idéaux, qu'ils ne se laisseront pas charmer par les sirènes de l'argent facile et des promesses qui vont les museler. On y croit dur comme fer, comme les nouveaux Parisiens qui ne lâchent pas la bride de leur imagination fertile et de leurs envies… À force, ça va péter, ça va marcher et les conglomérats ne tiendront plus la route d'un luxe usurpé.Tremblez, blogueuses corrompues, sacrifiées sur l'autel du goodie bag ! Tremblez, journalistes étranglés par l'annonceur, la révolution française a montré que les nobles pouvaient être virés à coups de pied au cul de leur château… Que la "RÉLovUTION" commence… Que la mode fasse son coming out et passe aux mains des vrais artisans. Brooklyn est le berceau de cette rébellion et Monsieur/Mademoiselle ne peut que sourire, béat, en tapant des deux mains… Bien à vous.