Ce lundi 5 novembre, le hasard a fait que j’assiste en direct, sur Euronews, à la conférence de presse donnée à Paris par le duo germano-français Angela et Nicolas. Après avoir vu notre capitaine incontesté, mais si contestable, la mine grave, opiner du bonnet à chaque phrase de la chancelière, je l’ai entendu déclarer : « L'Allemagne et la France, nous sommes tout à fait d'accord pour dire que les eurobonds ne sont en aucun cas une solution à la crise, en aucun cas », c’est-à-dire l’exact contraire de ce qu’il affirmait avant de négocier si victorieusement. Et dire qu’il y a encore tant de personnes pour s’écrier : « Ah, quelle est notre chance d’avoir Sarkozy comme président ! Que serait-ce avec Hollande ! » Belle certitude ! Personne ne sait ni ne saura jamais ce qui se passerait actuellement avec Hollande, ce n’est pas lui qui est aux manettes. Par contre, l’absence de résultats de Sarkozy, hélas, on peut la constater tous les jours.
Notre avaleur de couleuvres tance ensuite, avec hauteur, les socialistes coupables d’avoir fait allusion à la puissance guerrière de l’Allemagne du passé. Le soir, le Grand journal de Canal+ a diffusé l’extrait dans lequel notre merveilleux diplomate comparait avec insistance les actes de la France aux crimes de l’Allemagne nazie. Invité de l’émission, notre philosophe en charge d’une sinécure, Luc Ferry, s’exclamait alors : « Oui, mais c’est l’affaire Reding ! » Que nenni ! Tout d’abord, Viviane Reding est vice-président et commissaire européen, est luxembourgeoise et non pas allemande, et s’exprimait en vertu de ses fonctions européennes et non pas au nom du Luxembourg. Notre personnel politique n’a toujours pas intégré le fait que nous faisons partie d’une Union européenne ! Mais surtout, la vidéo diffusée date de 2007. On a pu y voir le candidat Sarkozy blâmer l’Allemagne en des termes beaucoup plus vifs que les mots employés par ceux auxquels il se permet aujourd'hui de donner des leçons.
Quant à cette fameuse règle d’or, elle est déjà inscrite dans le traité de Maastricht, depuis 1992, et s’applique aux vingt-sept États de l’Union. Pour autant que je sache, les traités internationaux s’imposent aux législations nationales, à tel point qu’il a fallu modifier notre Constitution pour la rendre compatible avec les traités européens. Les États de l’Union ayant ratifié ces traités, cette règle d’or est déjà en vigueur. Simplement, elle n’a jamais été appliquée, et pas même par l’Allemagne, l’élève modèle de notre classe.
On parle maintenant de rendre la règle d’or automatique. Qu’est-ce que cela signifie ? En cas de dépassement des limites fixées, on soumettrait le cas du pays en infraction à la Cour européenne de justice. Qu’y a-t-il là d’automatique ? Quelle pourrait être la sanction ? Imposer une amende à un pays déjà trop endetté ? Avec ce recours à un traité, difficilement effectif avant deux ans, ne serait-on pas en train de botter en touche ?