Misères de la philosophie

Publié le 06 décembre 2011 par Fmariet

La philosophie semble gagner dans les magazines la place qu'elle perd dans les établissements scolaires. La vulgarisation va bon train. La psychologie avait ouvert la voie.
Ci-dessous, un échantillon de titres, omettant délibérément ceux qui évoquent les "sagesses orientales ", les thèmes religieux ou politiques, qui sont foison.
Philosophie Magazine (2006) avec un hors série consacré à Tintin (2010), un consacré à René Girard (2011)
"Philosophie. Testez-vous", propose Le Point
Philosophie pratique (2010)
Mathématiques & Philosophie (HS de Tangente)
"Connaissez-vous la philosophie", interroge Le Monde (2009)
Les Carnets de la philosophie (2007)
"Les plus beaux textes de la philosophie", (HS du Magazine des livres, 2007)
"Spinoza Kant Hegel", (HS du Point, 2006)
Questions philo (2011)
Les Dossiers Philo (2011)
"A quoi pensent les philosophes ?", HS de Sciences Humaines (2011)
"Edgar Morin. Le philosophe indiscipliné" HS du Monde 2010
La presse magazine investit le marché didactique, le territoire de la dissert et des annales du baccalauréat, disputant aux éditeurs scolaires le marché des ouvrages préparant, le plus vite possible, aux examens, aux entrées dans les écoles de commerce ou de sciences politiques. Tout cela relève désormais d'une catégorie bizarre, la culture générale, qui a ses cours et son coefficient dans les concours, "une vie, une oeuvre". La limite entre livre et magazine est de plus en plus floue, prix, formats, ergonomies, style. Le journalisme triomphe de l'école.
Cette semaine, voici "Karl Marx. L'irréductible". 
Au programme du hors série, on a repris des points de vue de spécialistes sur Marx : à la une, sans prénom, Foucault, Aron, Derrida. Trois grands profs de philo, assurément. Bien sûr, il y a aussi un américain de la post-modernité (Jameson). Et, pour finir, François Hollande, le seul qui ait un prénom. Laisssons aux profs de philo le soin de noter la dissert du candidat.
Et je pense à mon prof de philo, un vrai de vrai, qui, à la fin d'une séance de travail,  proposant d'aller acheter Le Monde au kiosque de la Porte d'Auteuil, marquant un temps d'arrêt, rectifia : "enfin, LEUR Monde".