Communiqué du Collectif Libertaire Anti-Sexiste contre le viol

Publié le 06 décembre 2011 par Chezfab

Trouvé sur Rebellyon, envie de le partager ! Bonne lecture !

Fab

PS : le blog va reprendre un cours normal, désolé pour les loupés.

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Le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la gravité est généralement minimisée. Il est un pilier du machisme. Il en est aussi l’arme favorite, y compris dans les cas, plus rares, où les victimes appartiennent au genre masculin.

La majo­rité des viols sont commis par des hommes. Même s’ils trou­vent sou­vent des com­pli­ces et des sou­tiens parmi les femmes, les vio­leurs et leurs allié-e-s sont des machis­tes, et ce quel­les que soient leurs étiquettes idéo­lo­gi­ques, leurs sexes et leurs genres.

La majo­rité des viols ne cor­res­pon­dent pas aux repré­sen­ta­tions fré­quem­ment véhi­cu­lées. Il est rare que les vio­leurs soient des inconnus sur­gis­sant de ruel­les som­bres. La plu­part d’entre eux font partie de l’entou­rage proche de leurs vic­ti­mes et la majo­rité des viols sont commis en famille. Les vic­ti­mes ont rare­ment la capa­cité ou la pos­si­bi­lité de se défen­dre phy­si­que­ment au moment des faits en criant ou en se débat­tant. Certaines, du fait de leurs situa­tions économiques, socia­les, fami­lia­les et psy­cho­lo­gi­ques, n’ont même pas la marge de manœu­vre suf­fi­sante pour pou­voir dire « non ». Les vio­leurs n’ont pas tou­jours recours à la bru­ta­lité phy­si­que. Ils opè­rent sou­vent en exer­çant une emprise et en semant le trou­ble dans l’esprit de leurs vic­ti­mes, au moyen de la mani­pu­la­tion men­tale, de l’inti­mi­da­tion, de la culpa­bi­li­sa­tion, du chan­tage et du mar­chan­dage. Ils uti­li­sent par­fois les pri­vi­lè­ges dont ils béné­fi­cient grâce à leurs posi­tions hié­rar­chi­ques au sein des entre­pri­ses et des ins­ti­tu­tions. Certains uti­li­sent aussi leurs pri­vi­lè­ges économiques en payant leurs vic­ti­mes pour ache­ter un simu­la­cre de consen­te­ment et « avoir la cons­cience tran­quille ».

Contrairement aux idées reçues et entre­te­nues par les dis­cours domi­nants, être un vio­leur n’est pas la consé­quence d’une mala­die ni de pul­sions incontrô­la­bles, mais celle d’une déci­sion cons­ciente. L’addic­tion sexuelle ne conduit pas au viol si la per­sonne qui en est atteinte n’a pas la ferme volonté de domi­ner et de détruire. C’est pour­quoi ces per­son­nes pas­sent beau­coup de temps à se mas­tur­ber et/ou ont de nom­breux rap­ports sexuels avec d’autres per­son­nes, libres et consen­tan­tes, ce qui n’a abso­lu­ment rien à voir avec le viol.

Les vio­leurs sont des indi­vi­dus res­pon­sa­bles de leurs crimes car ils sont luci­des, au moins au moment des faits. En effet, ils ne pour­raient agir comme ils le font s’ils étaient déli­rants. Il est donc aber­rant d’affir­mer que les vio­leurs ont besoin qu’on prenne soin d’eux et qu’on leur vienne en aide. Au contraire, ils doi­vent être clai­re­ment sanc­tion­nés. Le viol est le moyen qu’ils ont choisi pour trai­ter des êtres comme des choses et les réduire à néant. Ils ne souf­frent pas de leurs crimes, ils en jouis­sent.

Comme l’indi­que l’Association Internationale des Victimes d’Incestes sur son site inter­net, les amal­ga­mes entre vio­leurs et mala­des men­taux ou ancien­nes vic­ti­mes de viol sont des mythes infon­dés. Et même si quel­ques uns d’entre eux sont d’ancien­nes vic­ti­mes, cela n’est en aucun cas une excuse car il n’existe pas de cir­cons­tance qui méri­te­rait d’être prise en compte ni consi­dé­rée comme atté­nuante. De plus, ces amal­ga­mes créent de la confu­sion au profit des vio­leurs en favo­ri­sant leur impu­nité, et stig­ma­ti­sent d’une façon extrê­me­ment insul­tante la grande majo­rité des per­son­nes en souf­france psy­chi­que et des ancien­nes vic­ti­mes de viol. Arrivée à l’âge de 30 ans, une femme sur trois a déjà été vic­time d’agres­sion sexuelle au moins une fois dans sa vie : si un tiers des femmes âgées de plus de 30 ans était des vio­leu­ses, ça se sau­rait...

Celles et ceux qui défen­dent les vio­leurs ou leur cher­chent des excu­ses ne sont pas animé-e-s par une pré­ten­due neu­tra­lité, mais par la lâcheté, ainsi qu’une com­plai­sance confor­ta­ble pour leur « bonne cons­cience », sou­cieuse de faire l’économie d’un posi­tion­ne­ment clair. Au contraire, la seule atti­tude qui soit cou­ra­geuse, juste et digne est fondée sur la soli­da­rité envers les vic­ti­mes de viol. Cela impli­que de cesser de remet­tre sys­té­ma­ti­que­ment en ques­tion leurs témoi­gna­ges (les cas d’affa­bu­la­tion sont d’ailleurs extrê­me­ment rares). Cela impli­que aussi de n’accor­der aux vio­leurs et à leurs sou­tiens aucun pardon ni aucun crédit.

Pourtant pres­que tou­jours, au sein du sys­tème judi­ciaire, comme au sein des famil­les et dans l’envi­ron­ne­ment social en géné­ral (entre­pri­ses, ins­ti­tu­tions, asso­cia­tions, partis poli­ti­ques, etc...) c’est au vio­leur, pré­senté comme une vic­time, que le béné­fice du doute est spon­ta­né­ment accordé. On assiste à chaque fois plus ou moins au même scé­na­rio : loi du silence au nom de la « cohé­sion », culpa­bi­li­sa­tion de la vic­time qui est accu­sée de « trop parler » voir de mentir et de se « vic­ti­mi­ser » avec injonc­tion de « dédra­ma­ti­ser » et de par­don­ner...

La col­la­bo­ra­tion avec le vio­leur est l’atti­tude majo­ri­tai­re­ment adop­tée, notam­ment par cer­tain-e-s de celles et ceux qui se décla­rent hypo­cri­te­ment partie pre­nante de la lutte contre le sexisme afin de soi­gner leur image, leur popu­la­rité, leur « bonne cons­cience », leur chance de gagner les élections, etc...

Bien qu’il s’agisse d’un crime commis très fré­quem­ment et au sein de toutes les clas­ses socia­les et même s’il est le pro­duit et l’ins­tru­ment d’un sys­tème de domi­na­tion, aucune affaire de viol ne peut être qua­li­fiée, en aucun point, de banale sans en mini­mi­ser la gra­vité ; l’hor­reur de ce que la vic­time a subi et les bou­le­ver­se­ments radi­caux que cela entraîne dans son exis­tence. Cela est par­ti­cu­liè­re­ment vrai en ce qui concerne les viols commis par des per­son­na­li­tés riches et célè­bres, sur­tout lors­que les vic­ti­mes sont économiquement et socia­le­ment vul­né­ra­bi­li­sées par leur condi­tion pré­caire de pro­lé­tai­res, d’immi­grées, de subal­ter­nes, de mineu­res, etc... C’est dans ces affai­res là que se conju­guent toutes les formes de domi­na­tion (sexisme, capi­ta­lisme, racisme, etc...), assor­tie d’une surex­po­si­tion irres­pec­tueuse, voir calom­nieuse, de la vic­time par les médias.

D’autre part cer­tain-e-s poli­ti­cien-ne-s ins­tru­men­ta­li­sent, à des fins de pro­pa­gande, des affai­res de viols suivis de meur­tres lar­ge­ment média­ti­sées pour ren­for­cer l’arse­nal des lois sécu­ri­tai­res en matière de réci­dive. Ces poli­ti­cien-ne-s ne dénon­cent jamais le fait que le sys­tème judi­ciaire fonc­tionne comme si le vol, le van­da­lisme ou le télé­char­ge­ment libre pou­vaient être consi­dé­rés comme des actes aussi graves et aussi condam­na­bles que le viol, ou l’homi­cide. En effet, les lois déjà en vigueur ainsi que celles que ces poli­ti­cien-ne-s veu­lent ajou­ter au code pénal concer­nent les attein­tes aux biens au même titre que les attein­tes aux per­son­nes. Leur projet n’est sur­tout pas de remet­tre en ques­tion notre sys­tème poli­ti­que et économique qui est entiè­re­ment fondé sur la confu­sion entre les êtres et les choses, notam­ment au nom du « droit à la pro­priété privée », bien au contraire.

C’est pour­tant ce sys­tème qui permet et auto­rise que des êtres soient mas­si­ve­ment trai­tés comme des choses, le viol en est l’un des exem­ples les plus graves et les plus fla­grants.

Pour toutes les vic­ti­mes de viol : soli­da­rité incondi­tion­nelle !

Pas d’impu­nité pour les vio­leurs !

http://coll.lib.anti­sexiste.free.fr/CLAS.html