Hans Hennig Paar a redessiné une chorégraphie magique pour le Casse-noisette de Piotr I. Tschaikowsky, basé, on le sait, sur un conte d'Alexandre Dumas. L'oeuvre avait été montée pour la première fois en 1892 au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg sur une chorégraphie de Lew Iwanow, dont on peut encore avoir une idée à Munich si l'on se rend voir la chorégraphie de John Neumeier par le Ballet National bavarois au Théâtre National, une mise en scène qui comporte de nombreuses références à l'original. C'est là un des luxes incomparables de la capitale bavaroise de pouvoir jouir de deux chorégraphies de la même oeuvre au cours d'une même saison! La mise en scène de Hans Hennig Paar date de 1999: un travail luxuriant qui renouvelle le propos du conte et déborde d'imagination créative. Les deux travaux sont incomparables tant ils travaillent sur différentes options: on les verra si possible l'un et l'autre!
Hans Hennig Paar va vers une simplification du propos: la famille Schmidt, une famille de petit-bourgeois sympathiques, célèbre le réveillon de Noël dans un intérieur aux parois faites de cadeaux emballés de rouge et empilés comme des briques sur lesquelles se détache un sapin d'un vert étonnant. Trois générations plutôt typées vivent sous le toit familial. Les enfants, Fritz et Clara, de grands ados mal grandis et dégingandés, se disputent autour de l'arbre et des cadeaux. Tandis que les parents leur ont offert des poupées modernes robotisées et à taille humaine, une Barbie pour Clara, un robot combattant pour Fritz, l'oncle Drosselmeier, qui a été invité à venir passer le réveillon en famille, apporte des cadeaux à l'ancienne: un grand livre de contes de fées et un casse-noisette en bois, avec sa mâchoire articulée caractéristique. Mais au cours d'une des nombreuses chamailleries, le casse-noisette est brisé. Il est temps de mettre les enfants au lit.
Clara endormie se met à faire un rêve fantastique: les deux robots s'animent et se multiplient en plusieurs exemplaires, ils ne sont plus sous contrôle et menacent Clara. Le casse-noisette la défend et parvient à sauver la jeune fille des jouets infernaux. Sous son masque de bois, il se révèle être un prince déguisé en casse-noisette, et il emmène Clara dans le livre de contes devenu géant. Au deuxième acte, on est dans l'univers des contes de fées, et Clara y rencontre tous les personnages des contes de son enfance: Blanche-Neige et les sept nains, le petit chaperon rouge et le loup, une horde de licornes, un dragon chinois et un sultan, etc.
Le festival multicolore des costumes et des décors d'Annette Riedel est enthousiasmant. Les nombreux enfants présents dans la salle sont pris sous leur charme par l'action au point qu'on les entend à peine, tant ils sont captivés. Mais c'est pour mieux laisser éclater leur joie au moment des applaudissements!
Le premier acte est rondement mené et se termine par l'apothéose de la danse des flocons, une véritable scène d'anthologie chorégraphique, alors que le second, s'il pèche un peu par la succession des numéros et par un décor plus sobre, une simple accumulation des personnages de contes de fées qui dansent sans autre fil conducteur que d'être issus du même livre, se rattrape cependant par la qualité de certains tableaux. Ainsi de celui de Blanche-Neige et des 7 nains, le septième étant une poupée portée à bout de bras par le sixième des nains. Ou encore du bal des licornes. Tous ces personnages finissent par se réunir pour une scène carnavalesque.
Il faut courir voir ce Casse-Noisette si on trouve encore de la place et y emmener toute sa famille. La production de Hans Hennig Paar est une fête et un régal, et c'est sans doute la dernière saison où il sera posssible de la voir à Munich et à Ingolstadt puisque l'an prochain le Theater-am-Gärtnerplatz change d'équipe.
Agenda Les 7 et 26 décembre (à Munich) Les 10, 11, 15 et 16 décembre 2011 ( à Ingolstadt du 10 au 16 décembre) Les 5, 6 et 20 janvier 2012 (à Munich) Les 6 et 18 février 2012 (à Munich) Réservations, cliquer ici puis sur la date désirée et suivre la procédure Crédit photographique © Lioba Schöneck |