L’auteur est un peintre dont lesPortraitsviennent de sortir chez le même éditeur. Pour rassurer sa mère, il a été tout d’abord ingénieur agronome après des études à l’Agro et àPlaisir-Grignon entre autres où son meilleur ami était Michel Houellebecq qui, dit-on, l’aurait pris comme modèle de Jed Martin, son peintre de La Carte et le territoire, prix Goncourt de l’an dernier.
Ce roman qui semble autobiographique m’a beaucoup surprise. Il se démarque des autres par son flegme, sa sincérité, son style lapidaire et son ton faussement détaché. C’est du moins ainsi que je l’ai ressenti.
Le récit lui-même tient en peu de choses
Pierre, le héros narrateur, travaille au Ministère de l’Agricultureoù il s’occupe des relations humaines, d’où sa manie des CV dont il est devenu le spécialiste. Il améliore ceux des autres et en présentent ici 121, ceux des gens rencontrés pendant son voyage en voiture avec sa vieille mère qui, atteinte d’un cancer en phase terminale, a décidé de quitter son appartement parisien pour terminer sa vie dans une maison de retraite de son village natal en Corrèze, son médecin ne lui donnant plus que six mois à vivre.
Souvenirs et préoccupations instantanées se succèdent comme dans tout long voyage un peu solitaire. avec pour moments phares ici les CV des personnes rencontrées, sous la forme la plus resserrée possible. Le dernier est le sien, une fois sa mère enterrée :
« 121 – Pierre
Il lui reste ce plaisir
De rouler sur l’autoroute
Avec la musique d’Alfred Schnittke. »
ou encore:
"95 - Henry
D'entrée de jeu,il a souligné
que l'essence de la féminité,
c'est le fait d'avoir un dedans."
29 - Brigitte
Sa psy la pousse à devenir elle-même,
mais ça ne l'intéresse pas.
Ce roman parle de tout, de "l'humaine condition", bien sûr, mais de l'amitié et de l'amour aussi, de l'art surtout et de la difficulté de vivre ainsi que du plaisir et des petits riens sans importance comme il prétend qu'est l'exposition en préparation qui sera intitulée simplement:
121 curriculum vitae pour un tombeau
Dans la musique occidentale, un «tombeau» est un genre musical, surtout en usage dans la période baroque mais aussi au XXe siècle. Le tombeau était composé, précise à juste titre Wikipédia, «en hommage à un musicien, maître ou ami, aussi bien de son vivant qu’après sa mort, contrairement à ce que le nom de ce genre musical pourrait laisser penser. Il s’agit généralement d’une pièce monumentale, de rythme lent et de caractère méditatif non dénué parfois de fantaisie et d’audace harmonique ou rythmique». Voilà exactement ce que je voulais faire en peinture: un tombeau des hommes et des femmes de notre temps.Un roman que je suis contente d'avoir lu avec en permanence la sensation de lire quelque chose de différent de mes lectures habituelles.
121 Curriculum vitae pour un tombeau de Pierre Lamalattie ( L'Éditeur, novembre 2011, 447 pages) Merci à l'éditeur pour l'envoi de ce livre.
Blog de Pierre Lamalattie