Il ne sait pas s’il fait jour ou s’il fait nuit. La lumière est jaune et instable. Il y a un grésillement infime. Il se réveille dans un étouffement. Son thorax se soulève. Il essaye de respirer. La chambre lui est inconnue. Les objets qui la jonchent sont en équilibre instable. Un vieux papier journal se déplace au sol dans une traînée de saleté tandis qu’une flaque d’un liquide noir se répand dans les fissures. Il a du mal à respirer, ses narines, sa bouche sont comme réduites. Il regarde ses mains. Il y a une fine pellicule de poussière dure, comme un gravier finement moulu. Ça remonte sur ses bras. Il passe ses doigts sur son torse, ça continue, sur son cou et son visage, dans ses cheveux. Il jette un regard vers la fenêtre que quelqu’un (lui?) a laissé ouverte. Il voudrait se relever pour réparer cette erreur idiote. Il ne le peut pas. Il reste immobile. Il ne pense pas à des faits particuliers de son passé, il n’a aucun souvenir précis. Il ressent cependant une certaine apreté dans l’air comme si en l’absence de contenu il ne restait plus qu’une forme. Une nostalgie vide, sans mémoire, une odeur. Il n’a rien perdu. Peut-être cette photographie. Peut-être cette femme sur la photographie. Il n’est pas allongé, son dos est accôté sur le mur, ses fesses sur les coussins, il y a un drap par terre qui est sans usage, le matelas est à même le sol. Il n’a pas dû dormir, simplement fermer les yeux. Et toute cette poussière qui s’est accumulée sur son corps, sur ses vêtements, qui s’est insinuée partout, dans chaque replis, dans chaque espacement entre le tissu et la peau, dans les muqueuses et au fond de sa gorge.