Voici l’hiver tout à fait et saint Nicolas qui marche entre les sapins,
Avec ses deux sacs sur son âne pleins de joujoux pour les petits Lorrains.
C’est fini de cet automne pourri. Voici la neige pour de bon.
C’est fini de l’automne et de l’été et de toutes les saisons.
(Ô tout cela qui n’était pas fini, et ce noir chemin macéré, hier, encore,
Sous le bouleau déguenillé dans la brume et le grand chêne qui sent fort !)
Tout est blanc. Tout est la même chose. Tout est immaculé.
La terre du ciel a reçu sa robe superimposée.
Tout est annulé, mal et bien, tout est neuf et recommence de nouveau.
L’absence de tout est en bas et les ténèbres sont en haut.
Mais dans un monde blanc il n’y a que les Anges pour être à l’aise.
Il n’y a pas un homme vivant dans tout le diocèse,
Il n’y a pas une âme éveillée, pas un petit garçon qui respire,
À l’heure où tu viens vers lui dans la nuit, puissant Évêque de Myre !
Paul CLAUDEL (1868-1955).
Extrait de Corona benignitatis anni Dei.
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