Les industries technologiques recherchent des modalités de l’image adaptées au réseau et au flux. Ainsi la possibilité de zoomer dans les détails d’une image avec une grande précision modifie en profondeur notre relation avec elle. C’est ce que Microsoft avec Seadragon et Photosynth propose. Seadragon s’occupe du déplacement dans l’image tandis que Photosynth, comme nous l’avons déjà vu, se propose de modifier notre relation même au monde.
Dans ce cadre, il existerait plusieurs types d’images organisés hiérarchiquement:
1. L’image-carte, assemblage souvent mosaïquale (Reynald Douhin) nous donnant une vue d’ensemble. L’important est que l’image-carte est constituée de plusieurs images. C’est une image d’images qui constitue une mémoire en amont du déplacement dans les images.
2. L’image-simple, c’est l’image dans son régime classique que nous connaissions, une image donc avec quelques détails, des ensembles, une image qui donne le sentiment d’une unité.
3. L’image-détail, c’est une partie de l’image dont la définition reste de qualité et pour ainsi dire semblable à l’image-simple et à l’image-carte.
Il s’agit d’établir à partir de cette typologie les relations qui articulent ces types d’images:
1. Les images-carte,simple et détail sont de définition proche ou semblable. Cette proximité de définition est un premier élément qui permet de créer un sentiment de continuité entre des régimes différents d’images .
2. Le déplacement en profondeur de l’image est variable selon l’entrée de l’utilisateur. Cette variabilité sur l’axe Z est fondamentale à la transformation de l’image en un mobile, en une surface sur laquelle il est possible de se déplacer. En effet la variabilité de déplacement induit que ce dernier n’est pas dans l’image mais dans l’action produite sur l’image. De fait que cette dernière n’est plus immanente. Elle devient, pour reprendre une catégorie de Lev Manovoch, une image-instrument.
3. Le déplacement se fait aussi sur les axes X et Y selon la même variabilité (draggable) que celle possible sur l’axe des Z. Mais ces axes ont une signification toute différente. Ils induisent la possibilité de passer d’une image à une autre selon la même proximité de détail en Z. Bref les X et Y sont soumis à l’autorité du Z qui définit une certaine distance de la vision. Ceci signifie donc que la question du hors-champ se pose d’une façon nouvelle. Car le hors-champ n’est plus contradictoire avec le montage qui est la production d’une certaine rupture. Le hors-champ n’est plus hors-champ de la même image mais d’une autre image déjà vue précédemment sur l’image-carte.
Nous remarquons donc que l’interactivité est une possibilité de manipuler l’image manuelle par le biais d’une interface qui produit le sentiment d’un flux continu entre des régimes iconographiques différents. Cette continuité produit une nouvelle esthétique, c’est-à-dire, pour être un peu kantien, de nouvelles structures permettant la perception c’est-à-dire la conjonction entre des percepts pluriels et des catégories qui les organisent.Il reste encore à analyser comment ces nouveaux régimes dans et de l’image s’articulent aujourd’hui concrètement au désir de cartographier photographiquement et de façon exhaustive la surface du globe terrestre.
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