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En attendant, le soleil vieillit. Il explosera dans 4,5 milliards d’années. Il a dépassé d’un peu le milieu de son âge. Il est comme un homme de quarante ans et quelques qui serait doté d’une espérance de vie de quatre-vingts ans. Avec sa fin, c’en sera fini aussi de vos questions insolubles. Elles seront peu-être restées sans réponse jusqu’au bout, impeccablement bien traitées, mais elles n’auront plus lieu d’être posées, et plus de lieu pour l’être. Vous expliquez: on ne peut pas penser la fin pure et simple de quoi que ce soit, puisque fin, c’est limite, et qu’il faut être des deux côtés de la limite pour la concevoir. Si bien que ce qui est fini doit se perpétuer en pensée pour être dit fini. Or cela est vrai des limites qui sont celles de la pensée. Mais après la mort du soleil, il n’y aura pas de pensée pour savoir que c’était la mort.
While we talk, the sun is getting older. It will explode in 4.5 billion years. It’s just a little beyond the halfway point of its expected lifetime. It’s like a man in his early forties with a life expectancy of eighty. With the sun’s death your insoluble questions will be done with too. It is possible they’ll stay unanswered rigth up to the end, flazlessly formulated, though now both grounds for raising such questions as well as the place to do this will no longer exist. You explain: it’s impossible to think an end, pure and simple, of anything at all, since the end’s a limit and to think it you have to be on the both sides of that limit. So what’s finished or finite has to be perpetuated in our thought if it’s to be thought of as finished. Now this is true of limits belonging to thought. But after the sun’s death there won’t be a thought to know that its death took place.
(Jean-François Lyotard, L’inhumain)
“La mort du soleil” est un fondu du blanc vers le noir qui commence le 22 juin 2007 et qui dure 4,5 millards d’années. Bien que ce fondu s’opère réellement, sa durée rend l’évolution du blanc vers le noir imperceptible pour un être humain. Nous savons que quelque chose a lieu sur l’écran mais nous ne pouvons pas le voir. Cette connaissance produit une différence dans la perception. Cette recherche en radicalisant l’héritage de la modernité artistique, adressei une question quant à l’idéal de conservation des oeuvres d’art qu’elles soient numériques ou analogiques. Une telle oeuvre pourra-t-elle se réaliser jusqu’au bout? Comment un artiste peut réaliser la disparition de son travail en organisant une durée dépassant la survie même de l’espèce humaine?