HIP HOP
Soutenu par Cut Killer notamment, le producteur Kim Fu et le jeune Nathy au micro, à 44 balais, Joey affiche une belle forme. Bruno Morville, alias Joey Starr Alias ou encore le Jaguar, a fait vibrer « des fous venus voir des fous ». Etudiants
branchés, trentenaires bobos, avec une forte proportion féminine, et plus marrant, des mamies BCBG... tous sont là pour le vivre grand frisson. Une faune
complétée par des artistes de tout poil, gens de théâtre, plasticiens... avec aussi une poignée de gars des cités, visiblement peu à leur aise sous les projos de la salle rouennaise branchée.
L’ancien membre fondateur de NTM mène depuis quelque temps une double vie d’artiste et attise la curiosité. Sa prestation dans Polisse, le dernier film de Maïwenn Le
Besco, a été saluée par l’exigeant public du festival de Cannes, mais sur scène, c’est sa voix qui touche et provoque cette émotion particulière. Cinq ans après la sortie de son premier
album solo, Gare au jaguar, Joey mène son Egomaniac Tour en expert. Derrière lui, les Armageddon djs assurent un mur de son pour de monumentales vocalises, prestance monstrueuse
et envolée de «baffes lyricales». A ses côtés, Natty Boss fume ostensiblement la Marie-Jeanne sur scène et répond à ses
flows dans une mécanique bien huilée. Joey taquine le public, qui apprécie l’instant à travers les écrans de BlackBerry, pratique volontiers l’autodérision,
ménage ses effets jusqu’à ce que sa voix touche le cuivre Jour de sortie, une fois les « fantômes
cachés dans les machines » des Armageddon chassés, plus question de baisser ni le ton, ni la garde. Le Jaguar s’est lâché et, visiblement, il avait bouffé du lion.