On identifie souvent les vacances et les loisirs. Or si les premières proviennent étymologiquement de “vide”, les seconds viennent de “licite” et ont été introduit par le protestantisme anglais. Les loisirs permettent quelque chose, et en creux c’est le négatif du contrôle qui est en jeu. Pendant des périodes de loisirs je peux faire des choses que je ne peux réaliser hors de ces séquences de temps. Les loisirs répartissent la liberté sur le socius, la permission est fonction de l’interdiction. Le monde des loisirs est le monde du travail et de l’individu libre et volontaire. Les vacances quant à elles appartiennent au régime du vide. Quelque chose en vacant, n’est pas à sa place, est déplacé. Cette place laissée vide ouvre bien autre chose que la permission, elle est vacuité, ouverture d’un possible qui n’est pas fonction d’une action déterminée. Les vacances sont souvent transformées en loisirs, on passe ses vacances à faire des choses qu’on souhaitait faire pendant l’année, les vacances sont utilisées à faire tout ce que je n’ai pas eu le temps de faire, et ainsi je répartis mon pouvoir faire, ma liberté, ma capacité d’agir qui est une capacité de réserve.
On pourrait très bien appliquer ces deux concepts au champ artistique et interactif. Certaines oeuvres sont en vacances d’autres sont des loisirs. Certaines oeuvres ouvrent une vacance, quelque chose de vide (comme chez Steven Parrino par exempe) et d’instable. Une place vacante est laissée au spectateur, une étendue qui n’est pas anticipée. D’autres se permettent des choses socialement illicites (ce qui revient à désigner une bordure) et autorisent une place déterminée pour le spectateur. Cette place lui permettra d’agir de telle ou telle façon et d’effectuer une puissance d’agir.