Deuxième belle surprise du mois de la photo, certes un peu plus attendue, un peu plus prévisible, mais… Cela se passe dans la belle galerie de l’UQAM. On commence par un ralenti (5 Year Drive-By) que j’avais déjà vu il y a dix ans à Lyon. Je passe rapidement, j’ai écrit par ailleurs sur cette question de la vitesse chez Gordon.
On arrive dans la grande salle, deux vidéoprojections bifaces d’un éléphant filmé dans ce qui semble être un espace de galerie. La belle, très belle idée de mise en scène consiste en la conjugaison du mouvement de l’éléphant (l’oeuvre? l’artiste? le public?) qui s’allonge, fait des mouvements, etc. et du mouvement de la caméra qui se déroule circulairement autour. La fluidité du regard et de cet animal lourd, pataud mais gracieux. La conjonction de ce regard et de ce qui est montré est justement ce qui manque à la plupart des dispositifs présentés lors du mois la photographie, la manière de voir est le plus souvent gratuite et ne fait que reconduire des lieux communs de mise en scène.
Décalage et ressemblance entre ces deux mouvements, tout comme la répétition des écrans est différentielle. La encore il est question d’une répétition qui permet la différence esthétique. C’est probablement (comme dirait Sikora quand il boit du café) dans cette disjonction inclusive, dans cet accord-discordant (le ou/et de Kostas Alexos), que se trouve le coeur même de ce que nous nommons la narration.
“Aussi l’accord des facultés ne peut-il être produit que comme un accord discordant, puisque chacun ne communique avec l’autre que la violence qui la met en présence de sa différence et de sa divergence avec toute.” (Gilles Deleuze, D et R, p. 190)