Nous revoilà partis pour une semaine décisive censée sauver la zone euro de la grave crise qu'elle traverse. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, inaugurent cette semaine cruciale comme ils le disent à chaque fois par une rencontre ce lundi à l'Élysée, où il sera vraisemblablement fait état des divergences de points de vue sur la manière de résoudre la crise.
Jeudi 8 décembre se tiendra alors l'acte 1 scène 2 à Marseille, puisqu'ils se reverront lors du congrès du Parti populaire européen (PPE), avant de passer à l'acte 2 lors du Conseil européen qui débutera jeudi soir. J'avais expliqué dans un précédent billet que chaque sommet est présenté comme celui de la dernière chance, mais les annonces qui y sont faites ne parviennent même plus à calmer les marchés pendant 2 semaines !
Le plus terrifiant dans tout cela c'est que des solutions existent, mais aujourd'hui on semble croire que la seule échappatoire à la crise serait une réduction rapide de l'endettement public et la convergence des modèles économiques et sociaux des États de la zone euro vers celui de l'Allemagne.
Rien n'est plus faut comme je le démontre dans cette tribune que je viens de publier dans Le Monde et qui est consultable en ligne en cliquant sur l'image ci-dessous :
Je cherche aussi à montrer que le niveau de la dette publique n'est pas un critère de vertu et que les plans de rigueur imposés concomitamment par les États européens sur la base d'un diagnostic partiellement erroné (l'endettement public trop élevé empêcherait la reprise économique) ne peuvent que conduire à une chute du commerce au sein de la zone euro et à une nouvelle récession. C'est précisément ce que crie haut et fort Paul Krugman, prix Nobel d'économie, lorsqu'il cherche à avertir ses concitoyens américains sur ce qui pourrait leur arriver s'ils décidaient de mettre en place de nouvelles mesures d'austérité ! Même Jacques Delors y va de son commentaire sur l'Union européenne, stigmatisant autant l'absence de vision politique des États membres que l'obstination allemande à faire de la BCE une pure machine anti-inflation !
Au reste, c'est certainement ce que pensait le ministre des affaires sociales italien, Elsa Fornero, lorsqu'elle éclata en sanglots au beau milieu de la conférence de presse où elle venait d'évoquer les sacrifices que devront faire les Italiens et en particulier les retraités. Il est vrai que Mario Monti a mis l'Italie au régime sec en faisant adopter un plan d'austérité drastique de 30 milliards d'euros combinant notamment report de l'âge de départ à la retraite et hausse de la TVA.
Gageons que la France et l'Allemagne puissent rapidement saisir qu'ils jouent désormais la scène finale de la zone euro et qu'il n'est plus l'heure d'apposer des rustines sur les traités !