Désormais, nous en sommes tous conscients, n’importe quelle émission de télévision fait l’objet d’une séance de live tweet de la part de téléspectateurs plus seulement rassasiés par le seul écran de la télévision. Ces séances de commentaires en direct font état de toutes sortes de réactions et le plus souvent d’une aigreur que les téléspectateurs peuvent partager avec une communauté éphémère.
Néanmoins, parmi le flot de réactions qui peuvent survenir, on trouve tout un tas de remarques, de réflexions, de suggestions qui se présentent le plus souvent sous l’angle technique ou éditorial. Qu’il s’agisse des angles de prises de vues, de la lumière en plateau, de la mécanique même de l’émission, nombre de téléspectateurs commentent et conseillent en direct sur leur manière qu’ils envisagent de voir et de faire l’émission qu’ils sont en train de regarder.
Toute cette culture amassée par le large public n’est pas sans questionner quant aux producteurs de contenu dans leur démarche de fabrication des émissions. Désormais, le moindre détail est affiché, décrié, disséqué immédiatement sur la toile. De fait, c’est probablement par une démocratisation des technologies de prises de vues que de nombreux téléspectateurs disposent dès lors de connaissances suffisantes pour ne plus voir la télévision comme le spectacle parfaitement mis en scène qu’elle veut bien nous faire croire.
En effet, il y a vingt ans de cela, la télévision possédait encore un poids considérable et majorité des émissions diffusées étaient comme des événements à part entière devant lesquels les familles se réunissaient. De plus, les émissions proposées faisaient émerger au cœur de la télévisions des univers fantasmés mêlant à l’honneur des techniques de prises de vues que le quidam n’était pas en mesure de maîtriser.
Ainsi, à cette époque le téléspectateur avait davantage une vision extatique de la télévision tandis qu’à l’heure actuelle celle-ci s’est affinée, s’est professionnalisée pour être en mesure de décortiquer les coulisses, dénicher les techniques de fabrication et faire étalage d’un savoir. La télévision dans cette configuration n’a plus vocation à émerveiller puisque techniquement elle se rapproche de plus en plus d’un savoir que tout un chacun est susceptible d’avoir (à la précision près que cette frange de téléspectateurs qui maîtrise ces technologies est réduite mais sait parfaitement vulgariser son savoir auprès du plus grand nombre).
Pour conclure, la télévision se retrouve face à des enjeux protéiformes qui à la fois font émerger des difficultés dans la conduite éditoriale des programmes et notamment dans l’absence de renouvellement des thématiques traitées, dans la redite des mêmes écritures de programmes mais également face à un désenchantement partiel de l’outil télévisuel qui dans son esthétisme et son rendu antenne n’est plus assez attractif. A l’heure des effets numériques de plus en plus poussés, les jeux de lumières et décors en contre plaqué semblent avoir fait leur temps pour satisfaire aux attentes du public.