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Aux impassibles

Publié le 16 septembre 2007 par Gregory71

Les personnages de Michael Mann sont inattentifs.La narration se déroule et ils regardent ailleurs, égarés dans leurs pensées, dans le vide de leurs visions. Leurs regards ne les concernent plus.

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La caméra se laisse aller à un paysage flottant. Nous ne savons pas ce qu’il y a à voir, comme dans le très beau Miami Vice (2006). Nous ne savons pas si même il y a à voir quelque chose, habitués que nous sommes à la condensation des actions cinématographique. Les personnages sont perdus dans cette incertitude et l’histoire se passe à côté. Ils peuvent bien sûr agir mais leur implication n’est plus celle d’une identification. Tout est à distance. Ils ne sont plus les actes qu’ils font parce qu’ils peuvent regarder ailleurs, sans rien chercher dans ce regard. Et nous n’étions pas habitués à cette indécision parce que les industries culturelles s’étaient construites avec une répartition très nette entre l’attention et l’inattention (cf Le cirque de Seurat).

Ces regards perdus doivent être mis en relation avec cette faculté de montrer des espaces urbains en creux comme dans Collateral (2004). Les parkings en haut des immeubles, Los Angeles strié par ses no man’s land et ses routes. Ce sont des lieux inattentifs. Ils sont vides, inhabités comme ces regards qui séparent les personnages de ce qu’ils sont en train de vivre. Ce que peut encore nous apprendre le cinéma c’est peut être cette impassibilité, cette insensibilité-là.


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