Chloé NEILL - Drink Deep (Chicagoland Vampires T5): 3-/10

Par Eden2010

Chloe NEILL – Drink Deep (Chicagoland Vampires T5) : 3-/10

Regardez la fille sur la couverture de cette édition (il y en a déjà plusieurs) et vous aurez le résumé de mon commentaire : c’est fade, sans énergie, sans maintien, quelconque et même en dessous.

Wow, c’est déjà au moins la deuxième fois que je critique une couverture, faut que j’arrête, je ne suis pas là pour ça et - dites-le avec moi - « on ne juge pas un livre à sa couverture » ! Mais cette fois, on pourrait ….

Plus sérieusement, ce cinquième tome n’a plus de personnalité, plus d’humour, plus aucune « crédibilité ».

Le seul point vraiment positif est l’idée qui est à la base de ce volume. C’est d’ailleurs une grande qualité que je ne peux que reconnaître à l’auteur, elle sait surprendre.

C’est d’ailleurs pour répondre à la question « que va-t-il se passer maintenant ? » que j’ai initialement acheté ce cinquième tome alors que le précédent m’avait déjà déplu ; la fin du tome 4 qui m’avait vraiment prise au dépourvu. (Hard Bitten, voir mon commentaire : http://edenlalu.centerblog.net/170-chloe-neill-hard-bitten-chicagoland-vampires-t4-410 ).

Seulement, cette-fois ci la réalisation laisse sérieusement à désirer ! C’est désolant de gâcher comme ça une bonne histoire, car, en ce qui me concerne, je préfère encore lire un roman à l’intrigue bateau mais bien écrit mais bien approfondie plutôt qu’un livre dont l’idée de base est bonne mais dont l’écriture m’endort et qui ne va pas au bout de ses promesses.

Quelle est donc cette idée si mal exploitée ?

Nous connaissons déjà Merit et son univers, je ne vais pas revenir sur le monde des vampires de Chicago, la répartition dans les diverses maisons etc. etc.

Comme vous le savez, si vous avez achevé le volume précédent – attention éventuel spoiler pour ceux qui ne l’ont pas encore fini, bien que je vais tenter de rester vague dans mes termes pour éviter tout risque – Merit est dans un état d’esprit bien maussade, mais elle fait du mieux qu’elle peut pour remplir son rôle de Sentinelau sein de la Maison Cadogan.

Elle est alors arrachée à son quotidien et ses pensées noires par une situation totalement inédite : le lac Michigan, cœur de la ville, est devenu noir, sans vie, ainsi d’ailleurs que la rivière que le nourrit ! Pire encore, non seulement le lac semble mort, mais encore aspire-t-il toute magie tel un étrange trou noir au sein de Chicago. Les nymphes sont en pleurs, le monde surnaturel et même le monde des humains, en effervescence devant ce phénomène inconnu et inquiétant qui n’est que le début et qui peut menacer l’existence même de Chicago et de ses habitants !

Tout naturellement (je suis ironique là) c’est Merit qui est chargée de tenter de découvrir la cause de ces évènements qui menacent la ville physiquement mais également moralement, puisque les humains voient dans ces manifestations étranges un autre résultat des agissements des vampires.

Merit se met donc à la recherche d’indices pour découvrir la clé du mystère et pour sauver la ville – oui oui, cette-fois elle va sauver toute la ville.

Pendant ce temps, la maison Cadogan est sous la surveillance d’un administrateur qui régente tous les faits et gestes, met en cause toutes les décisions du maître de la maison, réduit les portions de sang, désormais rationné, critique les nominations aux postes et semble tout particulièrement viser Merit.

Donc, une intrigue assez prometteuse, surtout en ce qui concerne le coté magique et la présence de ce « vacuum de magie » qu’est devenu le lac Michigan.

Qu’en est-il de la réalisation ?

D’abord, premier reproche, Merit est encore le super-héros qui sauve tout le monde. Comment les vampires ont-ils pu survivre si longtemps avant Merit, c’est à se poser la question ?!

Pour ne pas réécrire ce que j’ai déjà largement exprimé dans mon commentaire sur « Hard Bitten », je vous invite simplement de vous reporter à l’article à ce sujet. C’est toujours valable : une petite étudiante en littérature qui devient une grande dure en quelques mois, qui comprend mieux, agit mieux, maitrise les techniques de combat après quelques mois d’exercice seulement (la force physique a pu s’acquérir par la transformation, mais la technique ? Je n’y crois pas une seconde), est plus résistante, plus inventive, plus solidaire etc. etc. que tous les autres, alors que ces autres ont des siècles d’expérience de plus qu’elle qui n’a même pas trente ans … bon, j’arrête là !

Avant de poursuivre sur la lancée des reproches, je tiens à revenir sur le point positif que j’ai déjà évoqué : la bonne idée de base, le lac qui « meurt », la magie, la manière dont la situation évolue (je ne vais pas en parler de peur de gâcher le peu de plaisir de lecture qui reste) ; jusqu’à la fin, même si c’est finalement assez prévisible, le mystère intrigue, les énergies magiques soulèvent des questions.

Avec un style passable et une bonne exploitation cela donnerait déjà un bon roman.

Seulement, sa plume a perdue toute vivacité. On ne retient qu’un perpétuel « Je, je, je ».

Et oui, c’est d’un ennui mortel alors que cela aurait pu, non, aurait dû être plein d’action ! Nous suivons Merit dans ses investigations …. et nous nous heurtons à un autre grand défaut du roman : l’absence de profondeur.

L’idée est bonne, oui, mais il faut encore l’approfondir !

Il y avait matière pour aller bien plus loin, de quoi écrire un excellent roman, un roman qui aurait pu relancer la série. Or, Chloé Neill ne va pas au bout de ses idées prometteuses, elle ne fait que les effleurer alors qu’il fallait y aller et creuser un peu !! Cela appelle plus de détails, plus de réflexion !

L’ensemble aurait mérité une exploitation plus pointue, notamment dans les diverses créatures que l’on croise (la sirène, les faes …), les interactions …..

C’est une simple esquisse. La base sans les finitions, sans les recoupements, sans les ombres. Donc, du gâchis.

Mais revenons-en à Merit qui suit une enquête sur les causes de la « mort » du lac Michigan. Nous en étions à une enquête ennuyeuse et des idées inexploitées au travers une écriture sans vie.

Qu’en est-il de l’action ? Et bien, elle semble forcée et ne donne aucune énergie à l’ensemble. Cela ne décolle pas, à aucun moment, j’ai eu beaucoup de mal à avancer dans ma lecture, j’ai même failli abandonner en cours de route à plusieurs reprises.

Seule l’ambiance qui règne dans la maison Cadogan est un peu mieux décrite, elle est pesante, ce qui rattrape un peu la fadeur de l’ensemble.

La relation taquine avec Ethan nous manque également, puisqu’elle relevait un peu la sauce dans le tome précédent.

Enfin, l’humour est totalement absent. N’importe qui aurait pu écrire la même chose, les bases une fois posées. Bien plus, je suis persuadée que beaucoup auraient écrit une meilleur roman que celui-ci avec la matière d’origine, certains en auraient même fait un excellent roman de Bit-Lit, voire même d’Urban Fantasy (voir pour ma distinction entre les deux la rubrique « les genres littéraires » et notamment http://edenlalu.centerblog.net/80-urban-fantasy-bit-lit-et-la-difference-entre-les-deux) .

Mais je peux tout de même souligner une petite amélioration : Chloé Neill a abandonné certains de ses tics d’écriture. Je n’ai compté que deux ou trois sourcils arqués (classiques du genre, donc aucun problème), aucune d’allusion à Buffy ou à Angel, juste quelques réminiscences des habitudes stylistiques agaçantes de l’auteur mais rien plus dramatique que trois ou quatre chapitres qui se concluent par le fameux « a girl has to … », une des expressions favorites de Chloé Neill.

Drink Deep est un livre lisse qu’on peut oublier. Après Hard Bitten (qui était déjà mauvais) il signe pour moi l’arrêt de la série, malgré les premiers volumes prometteurs et les excellentes idées de l’auteur.

Le seul hic est qu’à la fin une question reste ouverte, une question à laquelle j’aimerais connaître la réponse. Comment puis-je l’obtenir sans être contrainte de lire le prochain tome ? Car je n’en ai absolument pas envie, ça, c’est sûr !