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Florence Pazzottu (anthologie permanente)

Par Florence Trocmé

[...]
C. Dans l'un des nids de Poésie, un Bébé-son. Poésie voulut s'en occuper, trouva pour le nourrir des voyelles ; mais deux du clan auquel appartenait, formellement, ce terreau, trouvèrent bientôt qui les volait et pourquoi. Ils n'avaient qu'un seul fils : Bébé-sens, ils en eurent donc un autre : Bébé-son.
Grandissant, Sens-en-chemin est de plus en plus jaloux de Petit-sonore, qui toujours rapporte de ses plongées plus de perles que lui. Petit-Sensé ment, mais ses ruses pour s'attribuer les succès de son frère ne dupent pas le père qui, un jour, le punit même sévèrement. C'en est trop : Petit-sens tue Petit-son, coupe sa corde (l'autre se noie). Dans sa fuite, il reçoit l'aide inattendue d'un i grec, dont le tronc soudain s'allonge sous son pied, le soulève ; et ainsi font toutes les voyelles, s'allongeant, le soulevant... Soulevé, sonné, Petit-sens égaré trouve refuge tout en haut, en haut d'un i de voix de tête.
1. Histoire de bouche. Maternelle, la langue, animale et bruissante ? Tout vers en garde trace. Mais aussi bien se hisse ( : hors).
2. " Le plongeur de perles a plusieurs vertus. Il doit mettre la corde dans les mains de l'Ami et sa vie dans les siennes. Ne plus respirer, et plonger la tête la première... " (Djalal al-din Rûmi - enfin je crois).
3. Dévoiement de voyelles ? Complicité sonore ? Quelle fugue ! (Pas de résolution.)
4. Arbre - initialement.
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[...]
N. La prose était vieille et tout le langage y brûlait. Elle avait un enfant pour qui elle faisait cuire les mots en les frottant à même sa bouche. Elle le fit bientôt pour un autre qui n'était pas à elle, un petit poème en vers, étranger. Lorsque les tuteurs de ce dernier revenaient, lui, refusait les mots crus, seulement exposés aux vents sonores, qu'ils lui proposaient. Un jour, ce poème cessa de balbutier, fut suffisamment doué d'expression pour révéler qui le rassasiait en secret. Tous décidèrent alors de tuer la vieille prose - Soleil-de-la-pensée -, pour lui prendre son feu. Prose explosa ; le feu entra dans tous les événements de langage avec lesquels on la souffla.
1. Prose, c'est su, n'est pas l'inverse (de Poésie - qui parfois est sans vers).
2. Cyclope ? Cette bouche nous voit.
3. D'autres sèchent sur pieds. Guerre inlassable (feu !). Sous d'autres formes, l'archaïque survit.
4. L'inépuisable déjà a fait lieu. Commencements.
Florence Pazzottu, Alors,, Flammarion, 2011, pp.92 et 103.
[choix de Jean-Pascal Dubost]
Florence Pazzottu dans Poezibao :
bio-bibliographie,, extrait 1, lecture de l'Inadéquat, lecture en trio à la Maison de la Poésie de Paris (mars 06), extrait 2, entretien avec Elke de Rijcke, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6 et revue Amastra-N-Gallard, La Place du sujet (parution), extrait 7, autour de la Place du Sujet (prix des découvreurs), sator, présentation, La tête de l'homme (parution), La place du sujet(note de lecture), La Tête de l'homme (note de lecture B. Fern), extrait 8, La Tête de l'homme (note de lecture F. Trocmé)


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