Silvio Berlusconi a annoncé son retour à la tête de l’AC Milan. L’officialisation n’est pas pour tout de suite mais cela ne lui empêche pas de reprendre officieusement son rôle. Qu’est-ce qui risque de changer à Milan? Tout d’abord le choix des joueurs à recruter. Durant les années pendant lesquelles la politique a éloigné le président de Milan, c’est Galliani qui s’est occupé de recruter des joueurs en s’adaptant à l’humeur et aux « besoins politiques » de Berlusconi.
Ainsi, au début on a vu arriver des champions confirmés comme Nesta, Rui Costa et Inzaghi, il fallait des coups d’éclats, il fallait être remarqué. Ensuite le club s’est dirigé vers des joueurs confirmés, d’expérience et qui ont un nom mais à des couts limités : Stam, Vieri, Ronaldo, plus récemment Van Bommel et Cassano… tout cela pour « tenir la baraque » avec peu de moyens alors que Berlusconi était trop occupé en politique. Les seuls investissements plus conséquents ont tout de même été plus limités (et très difficiles à accomplir) comme Ronaldinho et Ibrahimovic qui ont couté entre 20 et 25M d’euros. Bien entendu, Berlusconi était toujours concerté et donnait son accord mais c’était à Galliani de trouver les candidats.
Avant tout cela, le président agissait en première personne, c’était encore différent. Berlusconi est une personne qui « fonctionne » par caprice, par passion. Il recrute au feeling, à l’envie et lorsqu’il voit un joueur qui lui tape à l’oeil, il l’achète, peu importe l’age et le rôle, c’est une affaire de coeur : Donadoni, Van Basten et Gullit ont été recrutés très jeunes, d’autres comme Savicevic, Baggio ou Rivaldo étaient des « caprices ». Ainsi, parfois il y a des recrutements illogiques. Un entraineur ne doit jamais dire à Berlusconi : « J’ai besoin d’un défenseur latéral », « J’aimerais un milieu de terrain ». Lui, il achète les joueurs qu’il aime voir jouer et c’est à l’entraineur de les assembler. C’est aussi pour cela que le budget transfert de Milan n’existe pas. On ne peut pas dire « Il y a une enveloppe de 40M d’euros » ou « Si on avait 40M pour Fabregas, on peut les utiliser pour 4 joueurs »… Non. Berlusconi peut accepter un investissement de 50M pour un joueur qui le fait vibrer et refuser de payer 10M pour un joueur très utile mais qui ne lui plait pas.
Lorsque Berlusconi sera bel et bien de retour, il y aura probablement des divergences d’opinions avec Allegri. L’idée du président ne prévoit pas Pato sur le banc et Inzaghi en tribune lors d’un match contre Barcelone diffusé dans le monde entier. Berlusconi n’aurait jamais vendu Ronaldinho pour faire place à Robinho ni Pirlo à la Juve pour engager Aquilani. Le président de Milan a des caprices et c’est à l’entraineur de les gérer comme lorsqu’il avait « offert » Rivaldo à Ancelotti qui disposait déjà de Pirlo, Seedorf et Rui Costa. Ce même président « en a eu marre » d’Ancelotti car il n’arrivait pas (était-ce possible?) à faire coexister Ronaldinho et Kakà dans la même équipe.
Tout cela pour en arriver à la rumeur et la phrase de Berlusconi dans le parking sous-terrain de San Siro après Milan – Barcelone : « Allegri? En juin, je le change« . Vu les résultats du club, cela semble être une réaction très excessive. La révolution mise en place par Allegri, avec la force physique et le dynamisme préférés à la technique ont permis à Milan de gagner un Scudetto après 7 ans d’abstinence. Malgré cela, certains choix n’ont pas été appréciés par Berlusconi mais il n’a pas vraiment eu le temps de se pencher sur ces questions alors qu’il était occupé à faire sombrer toute l’Italie dans une crise profonde.
De nombreux dossiers épineux seront à éclaircir entre Berlusconi et Allegri comme par exemple celui d’Inzaghi qui a prolongé son contrat mais qui n’entre pas dans les plans de l’entraineur. Le président Berlusconi n’aurait jamais exclu Inzaghi de la liste Champions League parce que malgré son age, Superpippo peut encore être un joker décisif à sortir lorsqu’un match semble bloqué. Ce même Inzaghi a avoué à des journalistes avoir reçu des offres de la part d’autres équipes mais qu’il ne veut pas trahir les tifosi de Milan. Il continue à s’entrainer dur et penser que jouer 20 minutes de temps en temps avec le maillot de Milan est plus gratifiant que de jouer 90 minutes chaque semaine dans un autre club… Il n’est pas aussi gourmand que d’autres sénateurs, et pourtant, c’est lui le grand exclu. Plus que quelques semaines ou quelques mois pour voir le retour de Silvio Berlusconi. Allegri doit-il s’en réjouir ou s’en inquiéter?