Les infirmières britanniques ont peur, peur d'exprimer sur leur lieu de travail, leurs craintes ou leurs préoccupations concernant la qualité des soins ou la sécurité de leurs patients. Ce sont les résultats de ce sondage du Royal College of Nursing, la principale organisation infirmière, professionnelle et scientifique britannique qui a porté sur plus de 3.000 infirmiers et infirmières. Peur des représailles, d'un effet boomerang sur leur évolution professionnelle, le climat à l'hôpital n'est pas au
L'écrasante majorité des infirmières qui ont répondu à ce sondage récent sur la dénonciation ou sur le retour d'informations aux employeurs parle de victimisation et de représailles personnelles. Car, selon cette enquête, dans presque la moitié des cas où les infirmières ont fait part de leurs préoccupations sur la sécurité des patients, aucune mesure n'a, semble-t-il, été prise. Pourtant, plus de 80% des infirmières auraient déjà soulevé de telles questions avec leurs employeurs, ce qui traduit aussi l'existence de dysfonctionnements récurrents dans les établissements britanniques. Mais aujourd'hui, 34% des infirmières déclarent ne plus oser soulever, au travail, de telles préoccupations. Explication, 73% expliquent que leur employeur, le gestionnaire de l'établissement leur a demandé « de ne pas parler », 24% en ont été dissuadées par leurs collègues. Des chiffres qui s'aggravent, puisque, selon le Royal College, seulement 21% des infirmières se déclaraient découragées de parler en 2009.
Le Dr Peter Carter, directeur général du Royal College of Nursing, dépeint une situation «extrêmement préoccupante», non seulement du fait que les infirmières ne puissent pas exprimer leurs préoccupations professionnelles mais aussi que du coup, les mesures nécessaires pour régler les problèmes ne soient pas abordées. « Ce sondage démontre que les infirmières ont des préoccupations véritables. Trop souvent, elles ont raison et il faut accroître la sensibilisation sur l'importance de l'expression de ces préoccupations. Il est absolument vital que les infirmières soient protégées dans la pratique et qu'elles aient confiance en l'écoute des gestionnaires. Cette confiance est cruciale si nous voulons éviter d'autres cas épouvantables de mauvais traitements sur les patients. "
En dépit de ces conclusions, le Royal College of Nursing exhorte donc ses membres infirmiers à soulever toute préoccupation au sujet de la sécurité de leurs patients en utilisant une ligne téléphonique dédiée, qui leur permet de s'adresser en toute confiance au collège qui pourra enquêter sur ces préoccupations directement auprès des employeurs.
Source: Royal College of Nursing Nurses still afraid to raise concerns, says RCN (Visuel Vanderbilt)
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