De la prostitution encore

Publié le 05 décembre 2011 par Juval @valerieCG

Je voudrais revenir sur cette pétition sur l’abolition de la prostitution qui m’échauffe déjà les oreilles.
Je rappelle tout de même aux associations féministes qui signent cette pétition que vous vous alliez avec des associations catholiques. Enfin on viendra bien me dire qu’il n’y a aucune antinomie là dedans.

Note ; ne parlons pas de la prostitution consentie mais abordons uniquement le sujet de la traite, des prostituées étrangères etc.

On ne peut PAS parler prostitution sans parler immigration et mouvements migratoires.
C’est bien joli de se branlouiller à qui mieux mieux là dessus : mais non ni le PS, ni l’UMP n’accorderont l’asile, des droits, de la protection sociale aux personnes prostituées intra ou extra européenne avec ou sans papiers.
Et pourquoi au passage spécifiquement à elles ?
En quoi un mec étranger qui se gèle les fesses devant un magasin de bricolage à 6 h du mat’ à attendre qu’un patron véreux vienne le chercher pour le faire bosser  pour 3 sous, avec des risques pros très élevés ne mérite pas lui aussi cette protection ?
C’est la MEME chose ; on est dans le même esclavage et tant que vous ferez la putain d’économie de ne pas lier prostitution et immigration, cela ne servira à rien.

On ne va pas se mentir ; toutes les politiques (prohibitionnistes, légalistes, abolitionnistes) échouent à gérer la traite. Que personne ne vienne, qui me vanter le paradis suédois, qui le paradis hollandais, pour les personnes prostituées de force c’est la même merde.

Point important. Il convient de comprendre la diversité des attitudes prostitutionnelles.
- les personnes qui se prostituent en faisant un choix clair. D’autres choix étaient possibles ; elles prennent celui-ci.
- celles qui exercent leur agentivité. Elles sont dans une situation difficile (économiquement par exemple). Elle se prostituent. L’éventail de choix était réduit mais elles prennent cette décision.
On peut être victime en étant plus agentive. Si une femme tente de gagner plus d’argent et se retrouve dans un réseau prostitutionnel ; elle est victime et a usé de son agentivité (cela ne signifie pas non plus qu’elle est responsable de ce qui lui arrive). On peut en effet décider de rentrer dans un réseau prostitutionnel ; réseaux qui sont peu ou prou les mêmes que ceux qui font passer tous les clandestins d’ailleurs.
- les victimes de traite à qui on promet monts et merveilles et qui se retrouvent sur le trottoir (pas la majorité).

Qu’est-il exactement proposé aux deux dernières catégories ?
« la mise en place de véritables alternatives à la prostitution et l’ouverture de droits effectifs pour toutes les personnes prostituées, y compris étrangères »
(pouf pouf).
Je me demande donc benoitement ce que l’on entend par « droits effectifs ». Le droit de travailler ? Quand on est sans papier (à moins que la pétition entende qu’on légalise les personnes prostituées sans papier), il n’est pas hyper évident de travailler. Disons qu’au lieu de se prostituer, elles se feront exploiter MAIS dans une activité légale.
Mais QUELS droits ? un logement social ? la CMU ?
Vous ne vous foutriez pas un peu de notre gueule là ?

Il est difficile de savoir combien il y a de prostituées d’origine étrangère en France. le STRASS souligne « la répression du racolage vise en premier lieu les étrangères. La loi de sécurité intérieure du 18 mars 2003 qui a pour but autant la lutte contre l’immigration que la tranquillité publique des riverains a donc ainsi eu comme effet de gonfler le nombre officiel des étrangères, celles-ci étant arrêtées en priorité par la police« .
Cela me semble fort plausible, même si, pour autant, le nombre de personnes prostituées d’origine étrangère me semble maintenant supérieur aux prostituées françaises. (confirmé apparemment par L’association Grisélidis).

De plus. Nul accent n’est mis sur le comment de la réinsertion. A l’heure actuelle, les offres de carte de séjour et autres permis de travail contre le nom du proxénète ne marchent pas vraiment  (quelle surprise). Et une personne venue de Chine par exemple – prostitution en hausse- qui ne connait rien à notre pays, rien à nos lois, rien à nos systèmes de protection et ne parle pas la langue n’a aucune chance de trouver autre chose que la prostitution.
Je rappelle qu’en dénonçant son proxénète, on a un super visa pour travailler six mois. TROP BIEN.

Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas lui proposer autre chose ! Mais je le répète, on ne peut pas travailler sur la prostitution sans travailler sur l’immigration.

Parce qu’en fait – je vais énoncer un scoop absolu – tant qu’il y aura des pays pauvres, les gens migreront et la prostitution est un moyen rapide de faire de l’argent. Tant que des passeurs feront payer des sommes exorbitantes pour venir en Europe de l’ouest, qu’il y aura donc dette à rembourser, il y aura exploitation. Le passeur peut être le proxénète. je cite ce rapport : « la dette de passage pouvait aller de 5 000 euros pour les personnes en provenance des Balkans, à 50 000 euros pour celles qui viennent d’Afrique. Il a ainsi calculé que, pour rembourser ces 50 000 euros, dix années de travail étaient nécessaires dans un atelier de confection clandestin, ou comme nourrice, à raison de 17 heures de travail par jour et ce, tous les jours de la semaine. À l’inverse, la prostitution permet de gagner 3 000 à 5 000 euros par mois et de rembourser bien plus rapidement ses dettes. »

Enfin on peut toujours leur expliquer que ca serait beaucoup mieux de rester chez eux (hypothèse ump) ou de faire un métier honnête (la plonge au black 40 heures déclarés 15) (hypothèse PS).

Vous me répondrez qu’il n’y a qu’à arrêter les proxénètes, passeurs etc.
1. ce sont des petits maillons de la chaîne
2.  l’un remplace l’autre
3. pour les arrêter, il faut que quelqu’un les dénonce. Dans quel intérêt qui que ce soit les dénoncerait ?

A part des belles déclarations de principe, l’esclavage c’est mal, donnons du pain aux pauvres, essayons 5 minutes d’être francs. Le sort de quelques dizaines de milliers de migrants pauvres n’intéresse que peu de gens. Remonter les réseaux – et je ne parle ici que des réseaux d’Europe de l’est – (oublions de suite l’Afrique et la Chine) est long, coûteux en temps et en argent.

Je voudrais enfin revenir sur deux phrases du rapport : « Mais ce qui ressort, de manière générale, du livre de M. Jean-Michel Carré, est que les personnes qui ont « choisi » la prostitution y sont bien souvent entrées par manque d’argent. »
Je dois être un peu bécasse, mais il me semble que c’est le choix que font 99% d’entre nous. On travaille pour l’argent.

« En premier lieu, la législation actuelle n’empêche pas que soit pratiquée une assistance sexuelle qui serait réalisée à titre bénévole. De fait, la mise en relation d’un assistant sexuel bénévole et d’une personne handicapée ne pose aucun problème au regard de la législation pénale sur le proxénétisme. La philosophie humaniste et altruiste qui sous-tend l’assistance sexuelle trouverait d’ailleurs mieux à s’appliquer dans le cadre d’une relation non marchande. »

euh LOL ?

donc quand je lis

L’abolition du système prostitueur est le seul moyen de lutter efficacement contre la traite de personnes humaines.

J’ai envie de gueuler mais vraiment.

TOUS LES JOURS, vous nous foutez dehors des gens issus de pays en guerre, des personnes atteintes de pathologie graves, des femmes battues, ds roms dont personne ne veut. Certains préfets piaillent qu’ils ont trop de mineurs qui déboulent et dont ils ne savent quoi faire.
Et vous voudriez, d’un coup, faire pleurer mémé en disant que vous allez vous occuper des prostituées ?
Les migrantes sous traite sexuelle sont les mêmes que celles dans le textile, la restauration, le BTP et j’en passe.
Dont vous vous tamponnez le coquillard car il ne faudrait surtout pas emmerder les patrons.

Punir les clients ? Mais QU’EST CE QU’UN MAFIEUX en a à foutre ? La majeure partie des filles sont maintenant sur Internet et les autres dans des coins pourris et dangereux où la police ne met pas un pied faute d’effectif.

donc

1. soit on arrête de mentir aux féministes abolitionnistes et on leur avoue qu’on est juste en train de leur  faire une cour effrénée pour avoir leur vote en 2012 mais qu’on n’aura ni le temps, ni l’argent, ni les moyens de mener cette politique à bien.

2. soit on se rend compte qu’en promettant ceci aux victimes de la traite, il faut le promettre à toutes les autres victimes, prostituées ou pas. Moi j’ai rien contre loin de là.. mais m’est avis que vous allez avoir du mal :p