AUTOMNE
Dehors, la ville s’en bat l’œil…Glissement fluide, indifférent. Vide évanescent des regards. Qui n’abritent plus d’étincelles.
Pur transit d’instants sans couleur. Papillonnante absurdité.
Ici, le naufrage d’un corps. Qui s’enfonce dans un humus. Fuit la lumière en défection.
Ici, un corps. Qui s’engourdit. Sous le poids du froid et des ans. Pour devenir gélatineux. Comme un tas gluant de feuilles mortes…
Un corps. Saisi de désertion. S’enfonçant dans le non-vouloir. Qui cherche le fond limoneux. Pour ne plus se sentir sombrer.
Un corps…Masse d’implosion.
Opiniâtreté paresseuse…
Dehors, la ville qui s’en fout.
Dans sa gélatine de pluie.
A même ses vitrages flous. Qui décolorent la pensée.
Avec ses visages passants et répétés à l’infini. Qui finissent par s’annuler sans qu’on puisse les retenir.
Dehors, vaines velléités…monde aux rêves avortés, bulleux, aux désirs gauchis par le vent. D’où tout ce qui dure est exclu.
Ici, dedans, chair embourbée dans la tentation du sommeil. Brute fatigue d’exister. Qui élabore l’inertie.
Entrée dans l’univers terreux, opaque de la démission. Mutique inauguration du grand fléchissement vers Rien.
Patricia Laranco