Petits-fours ou pas petits-fours? Question existentielle pour le temps de l'Avent

Par Tellou

Mc 1, 1-8 Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

L’autre jour au travail, il était prévu que l’Ambassadeur nous rende une petite visite. Sa première visite officielle dans nos locaux. Vous imaginez le gros doute existentiel : petits fours ou pas petits fours ? Peut-on recevoir un ambassadeur « A la bonne franquette ? ». Pas de petits fours (pas le budget : une administration publique, ça compte ses sous, enfin, vos sous..), mais un verre de jus de fruit quand même. Dans des gobelets en plastique ? Et hop, on court vite au supermarché d’à côté pour acheter des gobelets en verre, parce que quand même, on ne va pas faire boire l’ambassadeur dans des gobelets en plastique !

Là c’est pour un ambassadeur qui fait une petite visite. Et si on nous annonçait la venue de Dieu ? On ferait quoi ? (Notez ici, que même si certains personnages à responsabilités publiques pourraient être assimilés à des dieux, nous ne retiendrons pour notre démonstration que le bon vieux Dieu des familles, le seul, l’unique, celui qui fait frémir des générations de croyants depuis Abraham). Bref, si Dieu venait, on ferait quoi ? Imaginons : « Ce dimanche, après la messe, Jésus, le fils de Dieu, viendra prendre le verre de l’amitié ». ou « Cette année, au séminaire annuel de team-building de Maboite, Dieu viendra faire un speech ». Voire « Unique dans votre ville, alors qu’il est en tournée mondiale, Dieu se produira ce soir au Palais des Congrès ».  Il est fort probable que le comité de la paroisse va se prendre la tête pour savoir si l’on sert du taboulé à Dieu, comme on fait pour la réunion du catéchisme. Il sera probablement décidé d’améliorer le quotidien et de taper dans la caisse du chauffage de l’église pour payer un kir à Dieu. Probablement que dans Maboite, tous les directeurs de services seront sur l’estrade pour applaudir Dieu, à faire les serpillères, lui taper sur l’épaule en lui disant que « ah vraiment, ton speech pour booster la communicability des teams, c’était inspiring . Pas vu ça depuis Steve Jobs». Quant au Palais des Congrès, on imagine sans peine que le Ze Producteur of God Tour aura fait passer les shows sons et lumières de Johnny pour de la kermesse de quartier.

Sauf que c’est Dieu. Qui l’annonce ? Un type venu du désert, habillé de peaux de bêtes. Il y a plus clinquant comme producteur-communiquant non ? Est-ce qu’il se met au milieu de Jérusalem avec son mégaphone ? Non plus. Il s’installe au bord du Jourdain, prêche et converti les cœurs. Parce que oui, il faut se préparer. Mais de la même manière que Jésus va venir en bébé, dans une crêche, nous n’avons pas à nous préparer de manière « bling bling ». Finalement, il « suffirait » de se préparer de manière humble. Comment ? On est plus habitué à en rajouter quand il s’agit de se préparer plutôt que de se dépouiller. Invités ce soir = 3 heures en cuisine + petite robe noire + table bien mise. Il  n’y a que Jean Baptiste pour inviter dans le désert et offrir du miel et des sauterelles. Se dépouiller de quoi ? Pour accueillir Qui ? Plutôt que de mettre les petits plats dans les grands, se mettre sur son 31, le temps de l’Avent nous propose au contraire de prendre du recul, de se dépouiller, de faire simple. Revenir aux bases. Qui est-ce que j’attends ? Pourquoi cette venue, Sa présence est importante ? Quelles routes dois-je aplanir ? Quelle est ma conversion ?

Bon temps de l’Avent !