Les amateurs d’obligations sont prisonniers d’un cruel dilemme: s’ils conservent leurs francs suisses, ils optent pour la sécurité, mais obtiennent de faibles rendements; tandis que les devises étrangères souffrent du surendettement des Etats qui entraîne leur dévaluation. L’Europe du Nord constitue une alternative.
Ces dernières années, les investissements obligataires en devises étrangères n’ont guère brillé. La crise de la zone euro ainsi que la chute dramatique du dollar ont réduit à néant les éventuels avantages en matière d’intérêts et provoqué d’énormes pertes pour les investisseurs dans les principales monnaies étrangères, et ce, en l’absence de toute protection. La Suisse promet certes une certaine sécurité à l’investisseur, mais avec un rendement marginal. Les pays d’Europe du Nord offrent une issue à ce dilemme.
Grâce aux revenus de l’exploitation du pétrole et du gaz, la Norvège peut se targuer depuis des années d’un excédent budgétaire oscillant entre 10 et 15% de son PIB. Alors que la Suisse atteint un résultat tout juste positif. Avec son excédent de la balance des transactions courantes de 14% du PIB en 2011, la Norvège bat, là aussi, la Suisse à plates coutures.
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Quant à sa performance économique, la Norvège a connu une croissance de 2,5% en 2011, stimulée par les investissements dans le secteur énergétique, ainsi que par les exportations. Cette croissance devrait se poursuivre en 2012, et ce, dans des proportions similaires. La banque centrale de Norvège poursuit une politique monétaire autonome et, en 2009, elle a été la première, en Europe, à augmenter en plusieurs étapes les taux d’intérêt à plus de 2%. Grâce à quoi, sa devise est restée comparativement forte. Du fait que leur base de coûts a déjà été déplacée depuis longtemps vers de nouveaux marchés, les entreprises norvégiennes (et suédoises) d’exportation sont moins touchées que les firmes suisses par la force de leur monnaie.
Etant donné que le gouvernement ne doit emprunter que peu de capitaux, le marché des emprunts d’Etat est restreint. En 2011, la Norvège aura émis des emprunts pour un montant équivalent à 3,2 milliards de francs suisses. En revanche, le secteur des entreprises est considérable et dispose de fortes liquidités. Les entreprises du domaine de l’énergie et de l’industrie en particulier se financent sur le marché des capitaux. Il s’agit surtout de moyennes entreprises, qui ne bénéficient pas d’un rating officiel. Pour les investisseurs qui recherchent sécurité et solvabilité, le marché obligataire norvégien est difficile à évaluer du fait que parmi les émetteurs qui se refinancent, un certain nombre provient du segment de moins bonne qualité. C’est pourquoi l’Association norvégienne des fonds de placement prévoit des notations confidentielles pour les émetteurs de manière à ce que leur solvabilité puisse être notée.
La Suède constitue également une alternative. A l’instar de la Norvège, ce pays poursuit une politique monétaire indépendante. Son économie est fortement orientée vers l’exportation et dépend de la conjoncture mondiale, comme celle de la Suisse. Grâce à une politique disciplinée de ses dépenses, le gouvernement suédois est parvenu ces trois dernières années à mener son budget à l’équilibre. La dette publique se monte désormais à moins de 40% du PIB, grâce à quoi la Suède appartient désormais aux pays les moins endettés de la planète.
Après deux années marquées par des taux de croissance de 5,7 et 4,3%, 2012 verra une nette consolidation avec une croissance de 1%. Ceci est dû, d’une part, au recul de la conjoncture mondiale et, d’autre part, à la hausse des taux d’intérêt en 2011, une mesure destinée à juguler la surchauffe économique et le risque d’inflation. En 2011, la devise suédoise a profité de cette politique relativement restrictive. En 2012 toutefois, un assouplissement de la politique monétaire pourrait avoir des répercussions négatives sur la couronne suédoise.
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Contrairement à celui de la Norvège, le marché obligataire suédois est dominé par le secteur public et par les instituts hypothécaires. Il dispose de volumes et de liquidités en suffisance. En 2011, la Suède a émis des emprunts obligataires pour un montant équivalent à 5,5 milliards de francs suisses.
(Michel Antonelli - Nordea Investment Funds - LeTemps.ch - 02/12/11)