Les premières fois dans des pays ou des villes sont toujours pour moi des séries d'instantanés, d'instants pris sur le vif, volés par l'œil ou l'objectif. Quand le temps est compté, j'ai moins envie d'aller m'enfermer dans un musée pour admirer des épées de samouraïs - que je pourrais retrouver dans une exposition à Paris ou à Londres- que d'observer de jeunes écolières, jupes courtes et chaussettes au genou, rire en se racontant des histoires dans le métro entre Ginza et Kyobashi.
Dans les rues de Tokyo, relativement moins de monde que ce que j'imaginais, sachant que 35 millions de la population habitent cette mégapole, d'où un mélange déroutant de buildings aériens juxtaposés à des maisons plus basses, plus traditionnelles, un enchevêtrement de dédales, et au milieu, quelques tombes, serrées entre des habitations, de-ci, de-là, morts et vivants se partageant l'espace.
Je m'aperçois qu'en me concentrant, trop d'impressions affluent, je ne sais pas vraiment par laquelle commencer, dans quel ordre les ranger ou s'il vaut mieux les livrer, pèle-mêle... oui, ne garder que l'empreinte d'un séjour au Japon tout en délicatesse...
C'est la surprise de voir surgir, au détour d'une courbe de l'élégant Shinkansen, lancé à quelques 300 km/heure, le mythique Fuji Yama: on l'a vu tant et tant de fois, estampes, guides de voyages, reportages... et là, il est en face de soi, avec sa symétrie, sa neige, ses légendes... on hésite un peu entre le regarder ou prendre des photos, et déjà, il s'éloigne pour laisser la place à des cultures de thé.
C'est l'émotion de monter dans un train dont la destination finale est... Hiroshima! On pense à la bombe, bien sûr, mais aussi à Emmanuelle Riva et à son amour, le beau Eiji Okada. A Marguerite Duras, encore.
Et à Amélie Nothomb, le lundi matin, gare de Tokyo, dans le flot continu d'hommes et de femmes au pas régulier en marche vers leurs bureaux...
Les cerisiers ne sont pas en fleurs, à Kyoto, mais qu'importe... les temples sont beaux dans l'air pur et froid de cet après-midi d'hiver, et dans un bassin, des poissons rouges et blancs semblent suivre une chorégraphie immuable dans le jardin d'une délicieuse maison de thé. Dans le soir qui tombe, les lanternes rouges du quartier des geishas se balancent doucement dans le vent qui se lève.
J'aurais voulu voir le marché de poissons de Tokyo, le plus grand du monde, traîner un peu plus longtemps dans les restaurants du quartier de Roppongi, suivre les achats de deux élégantes en kimono dans le grand magasin Mitsukoshi, mélange du Bon Marché parisien et du Bon Génie genevois... et ramener dans mes bagages davantage de boîtes de "mochis", ces douceurs que j'aime particulièrement...
Autant de raisons, parmi tant d'autres, pour revenir, lors d'un prochain voyage, récolter encore plus d'impressions nippones!