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R comme... Reggiani Serge

Par Reginezambaldi
R comme... Reggiani SergePetite, jeconnaissais beaucoup de paroles de ses chansons par cœur, j’allais jusqu’à les déclamerà mes institutrices, comme autant de récitations libres.
Je l’avais mêmeécouté sur scène, avec mes parents et des amis : je revois encore sonblouson de cuir blanc, ses mimiques. Il n’avait pas besoin de décor sophistiquépour créer une ambiance, il lui suffisait de sourire légèrement, de lever lesyeux au ciel, d’ouvrir ses bras.
Il n’écrivait niles textes ni la musique, et pourtant ce qu’il chantait lui allait comme ungant, c’était du sur mesure, ou plutôt, il savait s’approprier absolument lestextes de Vian, de Dabadie, de Moustaki, les musiques de Michel Legrand, d'Alain Goraguer.
J’ai la certitudeque mon amour des mots a commencé là, en écoutant les 33 tours de SergeReggiani, les dimanches après-midi, les soirées d’automne… Même si jeretrouvais les paroles sur la pochette du disque, je ne comprenais pas tout, « pas de mon âge », mais  ce n’était pas grave, aucontraire : je me laissais porter par cette poésie bizarrement séduisante– un peu comme lorsque l’on écoute une langue étrangère et que l’on s’amuse àinventer un sens  à des phrasesincompréhensibles… - :
Monen-or, m'azur, ma Javotte,
Mon soir d'avril après la pluie,
Mon béryl, mon tendre péril,
Ma très précieuse découverte,
Pierre verte au creux des jeudis,
Ma Mélusine, ma bellotte,

M’ondine, ma coquelinotte… 


(LaDame de Bordeaux)
Sa voix mefascinait, elle continue toujours : il faut écouter Reggiani envoiture,  filer avec le timbre desa voix dans les oreilles, on entend même sa respiration, entre deux mots.Elle, sa voix, a, tour à tour, la gouaille d’un bonimenteur de foire (Les affreux), la détermination d’unmilitant (Gabrielle) ou la tendre fêlure d’un amoureux perdu (L’absence).
C’était d’ailleursle choix de ses thèmes, l’ironie pour dénoncer les horreurs de la guerre, lafaiblesse du genre humain, et puis aussi et presque surtout, les faiblesses d’un homme, dont il dressait unportrait tout en demi-teintes et sans concession: histoires de petiteslâchetés, de doutes, de trahison parfois, de tendresse et d’amour toujours…
Sur grand écran,on le retrouvait dans ce personnage d’homme attachant parce que fragile etplein de failles, chez Sautet, Lelouch… Il vivait ses chansons comme ses rôlesau cinéma, mais avec lui, on ne savait pas dire s’il était un chanteur quijouait ou un comédien qui chantait…
Je l’ai croiséplusieurs fois dans le Marais – encore - ! Il achetait sa baguette chez leboulanger où se servait ma grand-mère et habitait à deux pas, rue de Sévigné,près de la caserne de Pompiers. Comme il l’avait si bien chanté, il suffisait de presque rien


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