Ce matin à l’aube, des militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) à 95 kilomètres au sud-est de Paris pour porter un message: “Le nucléaire sûr n’existe pas”. Edit à 7h30 :les militants sont parvenus à monter sur le dôme d’un des deux réacteurs et sont en train de peindre le signe danger sur celui-ci.
La suite de l’action à suivre ici : Nucléaire : au coeur du réacteur – liveblog
Cette action montre à quelle point les centrales nucléaires françaises sont vulnérables : de simples militants, aux intentions pacifistes, ont réussi, avec peu de moyens, à atteindre le cœur d’une centrale nucléaire ! Pourquoi ? Comment ? Car les dispositifs de sécurité existants sont insuffisants !
Et pourtant … L’audit des installations nucléaires commandité par le gouvernement après la catastrophe de Fukushima ne prend pas en compte le risque d’intrusion humaine…
Coucou ! depuis l'intérieur de la centrale de Nogent
C’est pourquoi Greenpeace demande au gouvernement d’élargir le périmètre de l’audit des installations nucléaires françaises en y intégrant l’ensemble des risques.
Un audit lacunaire !
La réalisation de l’audit commandité par le gouvernement Français a été confiée aux exploitants nucléaires eux-mêmes, (CEA, Areva et EDF) et celui-ci sera analysé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire d’ici la fin de l’année. Cet audit, réalisé intégralement au sein du consortium nucléaire français, se borne à étudier les problèmes liés à des événements naturel (séismes, inondations…). Risque terroriste, chute d’avion, virus informatique : aucun risque d’agression externe d’origine “non-naturelle” n’est pris en compte.
Dans un rapport commandé par Greenpeace et à paraître en janvier Arjun Makhijani, expert indien indépendant, président de l’institut de recherche sur l’énergie et l’environnement du Maryland (États-Unis) analyse ainsi l’audit nucléaire français : “Du point de vue des causes et du déroulement de l’accident, il n’est pas pertinent de limiter l’analyse des événements initiateurs aux seuls phénomènes naturels (séisme et inondation). Les risques d’origine humaine auraient dû, dans une démarche de révision globale de la sûreté, être intégrés dans cette analyse. Ceci concerne, a minima, les causes accidentelles, et devrait même inclure les actes de malveillance.”
Des dispositifs de sécurité impressionnants… sur le papier !
Le gouvernement, en charge de la sécurité des sites nucléaires, se targue d’avoir des plans à toutes épreuves pour sécuriser le parc atomique français, telle que l’intervention d’avions de chasse en maximum 15 minutes sur tous les sites nucléaire, la présence continue d’un peloton spécial de Gendarmerie sur chacun des sites, des dispositifs de radar aérien de détections au dessus de certaines installations, une double clôture électrifiée et vidéo surveillance autour de chacun des sites, un espace aérien interdit au dessus des sites ou encore un accès soumis à “autorisation spéciale” …
Mais malgré ces mesures “exceptionnelles” et dignes des meilleurs films d’action, les militants de Greenpeace montrent aujourd’hui que les installations nucléaires françaises sont très fragiles. C’est probablement pour ça que les risques externes non-naturels ne sont pas pris en compte dans l’audit. Si c’était le cas, aucune installation ne pourrait être déclarée sûre!