... Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira était un très grand monsieur. Pas seulement pour son nom à rallonge et ses 193 centimètres, sans compter la Jacskon 5. Gil Scott Heron de la sphère de cuir, frère du demi-dieu Rai, idole du Parc des Princes, Sócrates personnifiait un esprit, un jeu léché, inspiré, celui que Télé Santana qui n'est pas le canal 173 de votre FreeBox mais un des plus grands entraîneurs de l'histoire de l'équipe du Brésil, souhaitait offrir au monde ébahi. Un football qui se rappelait, justement, simplement qu'il est un jeu partout à travers le monde avant même d'être un sport brassant des milliards.
C'était le Football Samba avec Zico à la baguette et Sócrates, Cerezo, Falcao, Zé Maria et Junior aux instruments. Un style de jeu où l'intelligence, l'espace, le mouvement collectif et le cou cou cou couroucoucou cou cou cou étaient les règles. Le Joga Bonito à l"heure où Nike n'était encore qu'une marque de chaussures pour faire du footing. Mais le jeu dont Sócrates était un des plus ardents représentants était trop romantique pour contrecarrer le catenaccio italien (système de jeu consistant principalement à défendre, à cadenasser, à détruire le jeu de l'adversaire en espérant mettre un petit pion casquette tout pourri à la 89e) et Paolo Rossi en état de grâce, auteur des trois buts qui scellèrent le sort des Brésiliens en 82. Quatre ans plus tard, ce furent les Français (aaah Guadalajara) qui privèrent Sócrates du titre suprême. Pas de bol.
Mais en marge de son toucher de balle félin et sa vision périphérique du jeu, Sócrates Brasilei..., appelons-le Sócrates bien qu'il ne nous entende plus de là où il est, fut aussi un cerveau. Et dans le football, c'est pas tous les jours. Son surnom était "Le Docteur", pas parce qu'il aime les filles en tenues d'infirmières comme d'autres au Q.I d'huître. Sócrates était pédiatre, médecin et pas la moitié d'un con. Et comme il ne manquait pas de réfléchir, il avait aussi une conscience politique. Il fut un des initiateurs de la "Démocratie Corintiane", une rébellion insensée, expérience unique d'autogestion au sein des Corinthians, son club de Sao Polo, en totale opposition avec la sévère dictature militaire de l'époque. Toutes les décisions concernant le club étaient prise de manière collective par les joueurs.
Choix de l'entraînement, du système de jeu, des recrues, tout le monde avait son mot à dire. Une méthode innovante qui fut couronnée de succès avec deux titres du Brésil et un jeu total, spectaculaire, fait de touches de balle que Mevlut Erding cherche encore à comprendre comment c'est possible qu'on peut faire ça, de fulgurances, de rythme et de mouvements individuels parfaitement coordonnés au sein d'un collectif. Une symphonie.
Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira, toi non plus, tu n'étais pas de notre galaxie mais du fond de la nuit, d'aussi loin que l'infini, bref, merci.