Autant prévenir Mr Fillon tout de suite, cet article est germanophobe ! Enfin, en tout cas si on se référe à l'interprétation qu'il fait lui du concept de germanophobie : seraient donc considérés comme germanophobes tous ceux qui s'attaqueraient à la politique de Mme Merkel.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit ! Tous ceux qui ont vertement critiqué l'alignement sans conditions de la France sur les positions allemandes, n'ont rien fait d'autres que de vilipender les positions de la chancelière allemande, avec parfois des références historiques douteuses, certes. De Montebourg à Mélenchon, de Le Guen à Mme Le Pen, c'est bien l'intransigeance de Mme Merkel et la soumission de Nicolas Sarkozy qui étaient visés. Jamais le peuple Allemand dans son ensemble !
Il paraîtrait que l'Allemagne de Mme Merkel est un modèle économique, ce qui selon nos dirigeants, justifierait que l'on fasse converger nos économies vers la sienne. De quel modèle parle-t-on ? En Allemagne, plus d'un million de personnes travaillent pour un salaire de moins de 5 euros bruts par heurs (700 euros nets par mois environ). Il n'existe pas de salaire minimum en Allemagne.Le travail à temps partiel y est beaucoup plus développé que dans le reste de l'Europe. Ce n'est pas un choix, juste une façon d'exploiter un peu plus les couches les plus pauvres.
Mme Merkel refuse que la BCE prête directement aux états, ce qui permettrait de résoudre en grande partie le problème de la dette dans ces pays. Elle est même chaudement partisane de sanctions contre les pays qui ne respecteraient pas le pacte budgètaire européen. Qu'elle balaie donc devant sa porte, la dette allemande est plus élevée aujourd'hui que celle de l'Espagne.
C'est donc ce modèle là que l'on veut nous vendre ! Un modèle que les Allemands sont les premiers à rejeter. Jamais un chancelier n'a été si impopulaire, jamais le peuple Allemand n'a autant rejeté le libéralisme qu'il subit de plein fouet. Les premiers à contester la politique de Mme Merkel, ce sont eux, et même au sein de son propre parti (Le Point). A noter que là-bas aussi, certains n'hésitent pas à faire référence à l'histoire. Doit-on les qualifier de germanophobes ? De plus, les propos en France sont loin d'avoir choqués en Allemagne, et ce en partie pour les raisons évoquées ci-dessus (Le Parisien).
Pour François Fillon, accuser les autres de racisme anti-allemand n'est qu'une astuce bien pratique. Taxer les socialistes de germanophobes lui permet d'éviter de parler de l'attitude de l'Etat français face à l'Allemagne. C'est bien son gouvernement qui s'apprête à abandonner une part importante de souveraineté parce que Mme Merkel le demande. On comprend donc mieux pourquoi il ne faut pas la critiquer.
Sur le sujet :
Comme en réponse à mon billet, Jacques traite de la "francophobie" en Allemagne.
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