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Avec Breivik, "Le Mur", le meurtrier d'Agnès, l'expertise psychiatrique est désormais officiellement en cause

Publié le 04 décembre 2011 par Jcgrellety

Du sujet souffrant, ayant des pathologies identifiées, l'Occidentalisme a voulu établir la liste des affections, et, pour le corps, faire médecine, et pour ce qui ne relevait pas du corps, déployer des analyses et principes, psychologiques, psychanalytiques et psychiatriques. Avec la psychiatrie, des "maladies mentales" sont soi-disant identifiées et visées par une liste de médicaments soi-disant appropriés. Mais la transposition de l'action des agents pathologiques corporels à une telle action dans et par la conscience est-elle plus qu'une pétition de principes ? Pour les maladies vitales, corporelles, les agents mis en cause peuvent être vus, pour la plupart au microscope. Pour ces "maladies psychiques", l'outil n'existe pas. Nous sommes donc, nous devrions donc être dans la supposition. Il n'en est rien. Le malade EST schizophrène, paranoïaque. Des phénomènes de conscience sont, en effet, perceptibles d'un sujet à l'autre : le paranoïaque interprète les phénomènes de son environnement à partir d'un rapport entre lui et des menaces, mortelles. La paranoïa peut être fantasmatique : la cause de la peur, de l'angoisse n'existe pas. Mais la menace existe parfois réellement, totalement ou partiellement. Certains sujets ne sont pas paranoïaques alors qu'ils devraient l'être pour au moins sentir et comprendre qu'ils sont en danger ! L'aune du psychiatre, c'est sa propre conscience : claire, posée, rationnelle, sans intentionnalité spéciale (apparemment). Mais être dans le monde et dans la vie ne peut se faire sur la base d'une telle conscience parce qu'il y manque la subjectivisation affective des faits, l'expression d'un pro-jet, au sens sartrien du terme, le VECU. Des affaires récentes permettent de constater même que la prétendue rationalité psychiatrique peut se faire au détriment de la prise en compte d'éléments et d'arguments contradictoires. Dans l'affaire du meurtrier d'Agnès, la décision de considérer qu'un mis en cause pour des faits de viol ne présentait pas de caractère de dangerosité s'explique par la la prise en compte du "présent" du sujet examiné, sans la mise en perspective de son histoire. Or, si au moment de son examen, le jeune homme a pu paraître sain, l'acte qui l'avait conduit en prison parlait de lui-même. Or cet acte a été ignoré, distinct du sujet examiné. Sa remise en liberté avant même son procès lui a permis de retrouver des conditions suffisantes à une nouvelle action criminelle - qui aurait pu ne pas se produire, mais qui s'est produite. Dans le cas mondialement célèbre de Breivik, ce boucher norvégien, la décision de considérer que sa conscience était altérée au moment des faits et donc qu'il n'est pas pénalement responsable cumule des pétitions de principe, non rationnels ! Car si sa conscience devait être nécessairement altérée pour pouvoir accomplir un tel massacre, cette décision psychiatrique omet que Breivik est la cause même de cette altération, qu'il a réalisé librement. Il est passé librement d'un sujet "normal", à un sujet fou. En outre, les moments d'examen de Breivik par les psychiatres interviennent des semaines après l'acte criminel, et cet examen se fait par le dialogue et l'observation de Breivik. Or cet examen se fait sans prise en compte de la possibilité que Breivik, se sachant examiner, se modifie de toutes les manières possibles pour paraître tel qu'il veut être perçu. Quant à son discours de justification, il est purement et simplement réduit à un prétexte alors qu'il est la cause même de son acte, et que ce, son, manichéisme, est partagé par des millions de citoyens dans le monde, à des degrés divers, et que c'est CE MANICHEISME, justifié lui aussi par de prétendues autorités "morales", "religieuses", qui a été la condition sine qua non de ses crimes comme de ceux d'un Ben Laden et consorts. La dé-spiritualisation de cette folie criminelle manichéenne revient à innocenter celle-ci. Breivik aurait été seulement un malade qui aurait pris au sérieux les présupposés et les conséquences d'un tel manichéisme quand les autres qui le partagent et le promeuvent savent bien, au fond, qu'ils exagèrent et qu'il ne faut pas exagérer. Mais les autres sont seulement des CRIMINELS non accomplis, parce que des facteurs, personnels ou environnementaux, les contraignent à ne pas passer à l'acte. Breivik lui a suivi toute la chaîne : des perceptions au récit et du récit aux actions. Il est un modèle même de "responsabilité"(délirante). Il est important de le juger, non seulement eu égard au nombre terrible de ses victimes, de leurs familles, mais surtout pour que dans le cadre du procès, ce soit toute l'humanité norvégienne qui l'écoute et lui réponde en lui disant : vous mentez et vous êtes fou. C'est même la seule solution possible pour lui permettre d'envisager une évolution-guérison, difficile, mais possible. Toute une psychiatrie s'est elle-même exposée à des critiques radicales par ses présupposés, mais aussi par ses principes et ses décisions. Confier une évaluation psychologique et comportementale à ces seuls psychiatres est donc une... folie. Il faut ouvrir une collégialité, avec des profils différents d'évaluateurs.


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