foutage de gueule les salaires du patronat, je suis tombé sur l'émission Là bas si j'y suis (une rediffusion de 2007) avec Frédéric Lordon et Serge Halimi.
Le premier signale la montée (que dis-je, la croissance exponentielle, vertigineuse...) de rémunération des patrons français, en partant de l'exemple de Jacques Calvet dont le Canard Enchainé révélait en 1989(au moment de la grève des ouvriers Peugeot) qu'il gagnait 100 000 francs/mois (à la louche donc, 1 200 000 F/an). Un montant qui semblait disproportionné à l'époque, mais qui fit vite figure de cacahouète, d’aumône misérable. En 1995, Christophe Bon, le patron de Carrefour part avec un parachute doré de 20 millions de francs. En 1999, Philippe Jaffré qui a vu son entreprise Elf avalée et désossée par Total, part avec 200 millions de francs. En 2005, 2006, 2007 on reste dans les centaines de millions, mais on passe du franc en euros, soit un bon de 6 fois !
Serge Halimi souligne que c'est le double discours de la concurrence qui justifie ces écarts de rémunérations : Les patrons français expliquent qu'ils ne peuvent pas être moins payés que les patrons américains et au même moment les mêmes patrons expliquent à leurs employés qu'ils ne peuvent pas être plus payés que les ouvriers chinois ou vietnamiens.
Frédéric Lordon ajoute que face à cette redistribution des revenus incroyablement polarisée et le spectacle d'un enrichissement d'un tout petit nombre au regard de la détérioration de l'existence du plus grand nombre, la société capitaliste a de plus en plus de mal à assumer. Elle ne tient plus qu'avec: "TF1, la Police et du Lexomille".
A part ça tout va bien. Ah non, il va falloir faire des efforts, de gros efforts... car ça suffit maintenant d'abuser en s’arrêtant de travailler lorsqu'on est malade, de vouloir partir à la retraite décemment, de profiter du RSA pour s'enrichir sans vouloir bosser !