Une question simple mais qui pourtant n'a pas la même réponse selon les populations. Elle est pourtant, à mon avis, à l'origine du conflit étudiant contre la réforme des universités.
Lorsqu'on entend les étudiants mécontents, on a des arguments du genre "il ne faut pas que l'université soit au service du MEDEF", "la loi d'autonomie vise à supprimer l'enseignement humaniste", "tout le monde doit avoir accès à l'éducation" etc.
Deux visions de l'université s'opposent : les uns veulent une université du "savoir", les autres une université de l'emploi. Deux visions qui ne sont finalement que le prolongement des deux buts de ce qui vient avant et après l'université. D'un côté l'enseignement secondaire vise à donner de la culture générale, un socle de connaissances indispensables à tous. De l'autre, le monde du travail cherche des personnes ayant un profil de compétences utiles, un monde du travail qui sélectionne et emploie des personnes qui produiront de la valeur ajoutée.
L'université du savoir ... qui ne sert à rien ?
Malheureusement, beaucoup d'étudiants restent dans l'idée d'une université du savoir, dans l'idée qu'on peut faire des études pour faire des études et on verra ensuite. Et bien non ! Les études servent à obtenir un travail et pas à étudier pour étudier ! A quoi cela sert-il d'avoir des milliers d'étudiants avec un master en histoire de l'art, en psychologie ? Oui on en a besoin, mais de quelques-un, pas de milliers.
Le contre-exemple des maths
Voilà peut-être la matière qui crée de la confusion dans tous ces esprits : les mathématiques. La matière inutile par excellence, le secondaire insiste et martèle les esprits que les mathématiques sont importantes, avec des élèves qui rétorquent que "ça sert à rien". Cela ne sert à rien dans la vie courante, dans 90% des boulots, mais les mathématiques révèlent les personnes qui sont structurées et logiques, qualités très appréciées en entreprise. Donc la matière en elle-même ne sert à rien, mais la sélection par cette matière est intéressante. D'où la confusion qui existe et qui fait croire aux étudiants que les matières inutiles aident à avoir un travail.
L'université ouverte à tous ... pour que tout le monde échoue ?
L'argument est souvent exposé dans les médias : l'université sélectionne par l'échec. Il y a de toutes façons une sélection qui s'opère : le marché du travail prendra en premier les meilleurs et les plus utiles. Attendre le dernier moment pour sélectionner fait perdre de l'argent à tous et pénalise les étudiants : de l'argent est dépensé pour former des personnes qui ne réussiront jamais, ou qui réussiront dans une filière inutile.
Les grandes écoles ...
Elles sont ouvertes à tous (pour celles qui sont gratuites, il y en suffisamment), elles sélectionnent, professionnalisent, sont en compétition entre elles, travaillent avec les entreprises. Bref, l'exemple à suivre ... et pourtant les étudiants réfutent toutes ces bonnes pratiques. Pourquoi ? Divergence de vision ... Allez faire un petit tour ici et vous comprendrez que l'université a encore quelques belles années de galère devant elle.