Depuis 2007, Nicolas Sarkozy et ses proches ont utilisé deux d'arguments pour légitimer la réduction du
nombre d'enseignants au sein du service national d'éducation: la baisse supposée du nombre d'élèves depuis 2005, et les nécessaires économies budgétaires. A l'approche du prochain scrutin
électoral, l'examen du dernier budget de l'Education nationale concocté par le gouvernement Sarkozy a permis de dresser le bilan d'une mandature gâchée.
La politique éducative de Nicolas Sarkozy peut se résumer en quelques phrases: moins d'enseignants, moins
d'enseignements, davantage de décrochages, donc moins d'élèves, donc moins d'enseignants.
Un cercle vicieux assez inédit en France.
Premier degré: plus d'élèves, moins d'instituteurs.
Le nombre d'élèves augmente dans l'enseignement élémentaire. « En 2010-2011, l’augmentation dans le
premier degré public est de 19 274 élèves par rapport à 2009-2010 et de 24 807 élèves en deux ans». Le gouvernement ne le crie pas sur les toits, mais le nombre d'enseignants a
finalement un peu progressé dans cette catégorie, sur la même période: 7 243 personnes en 2010-2011 (soit 5 147 ETPT sur l’année 2010), à cause d'un « désajustement entre les flux
d’entrées et de sorties du fait principalement de départs en retraite inférieurs aux prévisions. »
Cette hausse du nombre d'élèves en primaire est une constante depuis
2006. Pour afficher des statistiques globales du nombre d'élèves en baisse, le gouvernement y ajoute les maternelles, où le nombre d'élèves est en baisse quasi-continue depuis
2006. Joli maquillage statistique, puisque la scolarisation en classe maternelle publique est loin d'être aussi répandue que la scolarisation en classes primaires publiques. Pour ces dernières,
le nombre d'élèves est en forte hausse depuis 5 ans :
2006: 3 486,80 millions
2007: 3 511,60 millions, soit +25.000
2008: 3 526,80 millions, soit +15.000
2009: 3 532,90 millions, soit +6.000
2010: 3 544,80 millions, soit +12.000
Pour 2011, le gouvernement prévoit une baisse de 6.000 élèves, mais un rebond de +16.000 en 2012. A
l'inverse, il supprime 7.645 postes d'enseignants l'an prochain.
Malgré cette hausse du nombre d'élèves en primaire,
le nombre d'écoles baisse d'environ 500 par an: -523 en 2009, puis à nouveau 453 en 2010.
La proportion d'enseignants affectés au remplacement dans le primaire baisse: de 8,39% pour la saison
2007-2008, ce taux est monté à 8,44% en 2008/2009, pour descendre ensuite à 8,32% en 2009/2010 puis 8,05% en 2010/2011. Pour 2011/2012, le gouvernement s'est fixé comme objectif de remonter à
8,4%. Avec moins d'enseignants.
Pour 2012, le nombre d'enseignants du premier degré est prévu à 318.626, dont 162.327 en primaire, 84.296 en
maternelle, et 26.134 pour des remplacements.
Collèges: l'arnaque continue.
Le nombre de collégiens dans les établissements publics souffre de la même présentation statistique biaisée:
s'il a bien chuté de 1995 à 2006, il progresse régulièrement depuis 2007.
2006: 2 443,7 milliers
2007: 2 421,8 milliers, soit -22.000 élèves
2008: 2 425,3 milliers, soit + 4.000 élèves
2009: 2 440,4 milliers, soit + 15.000 élèves
2010: 2 453,2 milliers, soit +13.000 élèves
2011: 2 484,2 milliers, soit +31.000 élèves
Et pour 2012... le gouvernement s'attend à dépasser le cap symbolique des 2,5 millions
d'élèves...
Le nombre de professeurs en collège est prévu à 168.228 l'an prochain, en progression de ... 779 postes en
deux ans.
Lycées: le décrochage ?
Cherchez l'erreur: le nombre d'élèves dans l'enseignement public primaire et dans le 1er cycle du secondaire
augmente, mais il baisse (légèrement) au lycée. Une baisse qui, combinée à celle observée en classes de maternelles, permet au gouvernement de supprimer entre 7000 (l'an prochain) et 16.000
postes par an depuis 2007.
L'explication semble couler de source: les élèves décrochent ou filent dans le privé. Rappelons qu'une
tranche d'âge correspond à environ 600.000 enfants.
Dans les voies générales et technologiques, le nombre d'élèves semble
fondre depuis 5 ans:
2006: 1.182,6 milliers
2007: 1.160,2 milliers, soit -22.000 élèves
2008: 1.137,1 milliers, soit -23.000 élèves
2009: 1.121,8 milliers, soit -16.000 élèves
2010: 1.115,8 milliers, soit -6.000 élèves
Pour 2011, la rentrée affichait un nombre stable d'élèves, mais pour 2012, le gouvernement table pour une
augmentation de 4.000.
Le constat est similaire pour les lycéens professionnels, dont le nombre a baissé de 9.000 entre 2006 et
2011, pour atteindre 553.000. L'an prochain, le gouvernement prévoit même une hécatombe, -33.000 élèves en une seule année !
Le bobard de Sarko
Résumons-nous: en cinq ans, le nombre d'élèves dans l'enseignement public a progressé de 43.000 en primaire,
puis de 85.000 au collège, avant de chuter de 44.000 dans les lycées. Dans le même temps, le gouvernement explique qu'il faut réduire le nombre d'enseignants car le nombre d'élèves aurait
baissé.
Si l'on observe
l'évolution de la natalité, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre pourquoi le nombre d'élèves augmente. Depuis 2005, le nombre de naissances dépasse allègrement les 800.000 par an
(828.000 l'an dernier). Hors nos classes de primaires, collèges et lycées sont calibrées pour 600.000 élèves parâge environ...
Cherchez l'erreur.
Pour masquer la misère de son argumentation, Nicolas Sarkozy a trouvé quelques parades, comme ses internats
d'excellence. En septembre 2010, le Monarque
s'était lui-même déplacé pour inaugurer l'un d'entre eux. Dans la note de présentation budgétaire, on comprend que l'affaire est bien modeste: « L’offre de places, internats d’excellence et
places labellisées confondues, a ainsi fortement progressé : 1 800 à la rentrée 2008, 2 900 à la rentrée 2009, 6 300 à la rentrée 2010. Elle est portée à 10 200 places à la rentrée
2011, dont 75 % de places labellisées, et devrait être d’environ 16 200 places à la rentrée 2012, dont 66 % de places labellisées. L’objectif de 20 000 places devrait être dépassé à la
rentrée 2013. ».
Quel effort ! Rappelons que le pays compte près de 2,5 millions de collégiens. Les internats d'excellence
concernent donc ... 0,8% des places disponibles.
Formidable !