Des espaces laissés vides, comme à l’abandon. Il reste des groupes de chaise, une estrade, un tableau, les fenêtres sont brisées depuis longtemps. Ils devaient donc se réunir là, professer des mots, articuler des phrases, réciter des textes écrits par d’autres. Mais que se disaient-ils au juste? Sur quoi portait leur assemblée? Les mots avaient été perdus, il ne reste que ces lieux.
Il y avait eu un face-à-face entre celui qui prenait la parole et ceux qui la laissaient. On voyait encore dans ces salles la trace des corps effleurer. En observant les chaises, il dessinait les personnes venues ici, côte à côte, de tailles différentes même si elles étaient identiques les unes aux autres. Il voyait aussi les différents groupes, répartis dans le temps, la chaleur de la chaise laissée à un autre et un autre et un autre. Ce n’était pas une accumulation informe, c’était au contraire des formes précises, singulières et irréductibles les unes aux autres. C’étaient des souffles, des mains se touchant pour se retrouver, des regards baissés et se tournant de côté.
À présent, il était seul, entouré de ces vestiges. Il savait ne rien pouvoir trouver du regard. Ils n’étaient plus.