Si des études précédentes montrent que les bébés préfèrent les actes et les comportements gentils, cette étude suggère que, dès 8 mois, les nourrissons acceptent un comportement « négatif » lorsqu'il est dirigé vers l'auteur d'un comportement ou d'un acte antisocial. En bref, les bébés n'aiment pas non plus ceux qui sont « gentils avec les méchants ».
«Nous constatons que, dès 8 mois, les bébés ont développé des points de vue nuancés sur la réciprocité et peuvent procéder à des évaluations relativement complexes des comportements sociaux. C'est bien plus tôt qu'on ne le pensait», explique l'auteur principal de l'étude, le Pr. Kiley Hamlin, du Département de psychologie de l'University of British Columbia.
Comment aurions-nous pu survivre si notre sociabilité nous rend vulnérables? Cette étude contribue à répondre aux questions qui ont intrigué les psychologues évolutionnistes depuis des décennies : Comment aurions-nous pu survivre si notre sociabilité nous rend vulnérables à la tromperie et à l'exploitation ? En fait, ces résultats suggèrent que dès 8 mois, nous percevons les personnes qui pourraient nous mettre en danger et nous préférons voir les comportements antisociaux réglementés.
100 bébés, 6 scenarii : Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont présenté, à 100 bébés, 6 scénarios avec des marionnettes animales. Selon les actions soit positives, soit négatives des marionnettes envers les autres personnages, les bébés ont été invités à choisir leurs personnages préférés et ils choisissent les personnages qui punissent les mauvaises actions par rapport à ceux qui laissent faire. Quand les chercheurs demandent aux bébés d'offrir une friandise aux marionnettes de leur choix, les bébés choisissent les « bonnes » marionnettes. Ces résultats expliquent aussi les mécanismes de protection qu'utilisent les humains pour choisir leurs alliances sociales, des mécanismes décrits comme «enracinés dans l'auto-préservation ». Pour ces chercheurs, les réponses du nourrisson sont des formes précoces de comportements et d'émotions complexes qui seront exprimées plus clairement, plus tard dans la vie, dans la cour de l'école par exemple.
Le fait que ces mécanismes soient présents très tôt dans la vie donne à penser qu'ils peuvent être fondés en partie sur une capacité innée d'aimer ceux qui donnent aux autres juste ce qu'ils méritent!
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences Published online before print November 28, 2011, doi: 10.1073/pnas.1110306108 “How infants and toddlers react to antisocial others”