Pitch.
En 1939, sur le point de rejoindre le front en France, un officier écossais de 43 ans se souvient sur le pont de Waterloo à Londres de sa rencontre avec une jeune danseuse lors de la première guerre mondiale.
C'est un film merveilleux et tellement triste, un mélodrame nostalgique magnifiquement interprété par Robert Taylor et Vivien Leigh et Dieu qu'ils sont beaux... En septembre 1939, Roy Cronin, officier dans l'armée britannique, s'apprêtant à rejoindre le front de France, demande à son chauffeur de l'arrêter à Waterloo bridge, là, il se souvient d'une nuit bien des années auparavant en 1917 pendant la première guerre mondiale. Alors qu'il y a une alerte, un groupe de jeunes femmes lui demande où aller se réfugier, il leur indique une station de métro, une retardataire fait tomber son sac à main avec un porte-bonheur qu'il tient aujourd'hui dans sa main.
Quand il l'a raccompagnée à un taxi après la fin de l'alerte, Myra Lester a donné son porte-bonheur au commandant Roy Cronin dont elle ignore même le nom. D'elle, il ne sait rien non plus excepté qu'elle danse pour l'international ballet le soir-même. Sans la prévenir, Roy assiste au ballet, puis, il invite Myra à dîner avant son départ sur le front le lendemain. Ils terminent la nuit dans un club, le "Candelight club", où ils dansent la dernière valse de la soirée tandis que les musiciens éteignent une à une les bougies des candélabres, la fameuse et superbe scène de "la valse dans l'ombre". Contre toute attente, le lendemain, Roy revient chercher Myra, ayant obtenu une permission de 48h, et lui demande de l'épouser le jour-même. Mais l'heure légale des mariages est passée et le lendemain, Roy téléphone qu'il a dû écouter sa permission.
Tout le film est basé sur un enchaînement d'imprévus ordinaires à l'impact dramatique. Parce que Roy est revenu, puis, reparti, le mariage est reporté, et, surtout, Myra va perdre sa place dans le ballet, renvoyée pour avoir essayé de dire au revoir à Roy sur le quai de la gare au lieu d'aller au théâtre. Un quai de gare où elle va d'ailleurs le rater. Offusquée par la dureté de la maîtresse de ballet, Kitty, la meilleure amie de Myra, démissionne. Bientôt, les deux jeunes femmes n'ont plus un sou. Roy a demandé à son aristocrate de mère de prendre soin de Myra mais le rendez-vous dans un salon de thé tourne à la catastrophe, la mère a du retard, ce qui donne le loisir à Myra de lire le journal où elle apprend la mort de Roy et s'évanouit, la serveuse lui sert un remontant, la mère la croit ivre et quitte les lieux.
Obligées de se prostituer pour vivre, Kitty et Myra font avec quand sur le quai de la gare, où elle a désormais l'habitude de raccoler, Myra tombe un jour sur Roy qui croit qu'elle est venue l'attendre, prévenue par sa mère. Jusqu'au dernier moment, le film joue sur les vrais faux espoirs et c'est cette alternance de moments légers où l'espoir revient et de moments tragiques qui évite au film l'écueil du pathos où il ne verse jamais. Ayant retrouvé Roy, Myra, torturée par son passé de prostituée, se laisse tenter in extremis de repartir à zéro, acceptant d'aller dans sa famille en Ecosse. Mais, alors que tout se passe bien en surface (la tension est habilement installée tout au long du récit où le spectateur craint et attend l'incident qui va enrayer la scène heureuse...), tout va mal dans la tête de Myra qui s'enfuit...
Si le rôle de Robert Taylor est un peu monolithique, celui de Vivien Leigh est très évolutif. La scène où Vivien Leigh/Myra débarque sur le quai de la gare de Waterloo, trop maquillée, en robe de satin moulante, avec un regard de garce, est représentative du talent de l'actrice dont l'expression change à la seconde où elle aperçoit Robert Taylor/Roy : l'évolution du drame s'inscrit dans le seul regard de Vivien Leigh, naïf et enfantin au début, lors du coup de foudre initial, triste à pleurer après le départ de Roy pour le front, allumeur et dur quand elle se prostitue, habité par la folie du désespoir à la fin du film. Seconde rencontre au cinéma de Robert Taylor et Vivien Leigh (la première étant dans "A Yank at Oxford" en 1938), il semble que "Waterloo bridge", réalisé par Mervyn LeRoy en 1940, était leur film préféré à tous les deux.
Diffusion :
Ce film rare est disponible en ce moment sur Ciné+ "à la demande" jusqu'au 6 janvier 2012 (canal 14 et 99) et devrait être édité en DVD zone 2 en février 2012 par Wild side vidéo.
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