J’ai deux bonnes nouvelles ! La première pour ceux qui en ont assez de mes billets sur les Rolling Stones (trois depuis la mi-novembre), celui-ci est le dernier avant la prochaine sortie qui n’aura pas lieu avant une date non encore définie, la seconde pour ceux qui au contraire aiment les Stones, nous allons nous régaler, car l’album Some Girls paru en 1978 vient de ressortir dans une version remasterisée, complétée d’un CD de douze titres bonus, d’une durée de 41 minutes.
Rapide rappel sur la sortie de l’album initial. A cette époque Keith Richards est pris dans une tourmente judiciaire pour ses problèmes de drogues qui faillirent lui coûter très cher en 1977 à Toronto. Dans l'attente d'un jugement, le groupe enregistre à Paris – aux studios Pathé Marconi de Boulogne-Billancourt – à partir d’octobre 1977, une quantité impressionnante de titres, au cas où Keith ne ressorte pas du tribunal. Finalement l’album paraît en juin 1978, précédé quelques semaines auparavant par le single Miss You.
A mon sens, ce single aura nuit à l’album, car typé « disco » et matraqué à longueurs de journées sur les radios ou en boîtes, il dessert l’image des Rolling Stones et même moi j’en avais réellement marre d’entendre ce titre. Comme l’album n’a pas une ligne musicale réellement claire, Miss You est disco, Just My Imagination est une reprise des Temptations, Far Away Eyes est country etc. on a peut-être pas su mesurer son potentiel à l’époque. Aujourd’hui, avec le recul et ce nouveau mastering, on peut le réévaluer, de belles parties de guitares, Jagger joue de tous les atouts de sa voix et les morceaux abordant de nombreux styles musicaux prouvent le talent des cinq intrépides, dans tous les genres abordés.
Mais l’intérêt de la réédition du CD n’est pas là bien entendu, elle tient tout entier dans ce CD de bonus qui est une magistrale réussite, mieux que les bonus d’Exile On Main Street de l’an passé. La caractéristique principale de ce disque, c’est qu’il se tient tout seul, ce ne sont pas des titres alignés les uns aux autres, ils forment réellement un tout qui aurait pu sortir ainsi à l’époque et osons une provocation, peut-être est-il meilleur que l’album officiel de 1978 !
Douze titres et 41’30 de bonheur absolu. Certains fans vont grincher car sur cet ensemble, personnellement j’en connaissais déjà huit qui circulaient sur des bootlegs de bonne qualité et un, So Young, qui était déjà paru en version officielle sur le single Love Is Strong/The Storm/So Young en 1994. Basta, les rouscailleurs professionnels ! Ici le son est parfait et l’instrumentation est riche en pedal steel guitare et piano, pour donner une unité de ton très agréable.
Rapide recensement. Ca débute par le mythique Claudine, un titre rapide au refrain aisément mémorisable, du Stones classique. Ensuite So Young, excellent titre avec de bonnes parties de guitares et le piano de Chuck Leavell pour cet emballement vitaminé comme savent le faire les Rolling Stones. Do You Think I Really Care, pedal steel de Ron Wood, piano sautillant de Ian Stewart, guitares acoustiques, un bon morceau. When You’re Gone, juste les cinq Stones en version live in the studio, un blues avec harmonica, putain que c’est bon ! No Spare Parts qui vient de sortir en single, relents country avec la pedal steel de Ronnie et notons que Keith se cantonne au piano tandis que Jagger geint dans son micro. Don’t Be A Stranger, un morceau mid-tempo qui m’évoque l’époque de Black & Blue ( ?) avec Sugar Blue à l’harmonica, Don Was à la basse et Bill aux marimbas. We Had It All, Jagger est parti pisser, Keith s’approprie le morceau (une reprise) en assurant le chant, le piano et la guitare acoustique, une splendide ballade comme les Stones savent nous régaler parfois. Tallahasee Lassie, le fameux rock basique avec John Fogerty qui frappe dans ses mains auquel succède I Love You Too Much, certainement le titre faible du disque, rien à en dire de particulier si ce n’est qu’il s’agit d’un rock rapide. Keep Up Blues, ne fait pas mentir son titre, il s’agit d’un blues mid-tempo avec les cinq gars en live in the studio, Ronnie à la slide et Jagger à l’harmonica, on se régale grave ! Sur You Win Again, on retrouve la pedal steel et les accents country qui sont le fil rouge de l’album. Enfin (hélas !) le CD se termine avec Petrol Blues, Mick Jagger est seul au piano et au chant, la sonorité est vieillotte comme un vieil enregistrement bluesy découvert au fond d’une malle dans un grenier, avant un arrêt abrupt.
D’autres plus calés que moi, évoquerons les instruments ou voix refaits ou rajoutés pour ce disque, certains compareront ces versions avec celles des pirates en circulation, tout cela n’est que verbiage pour spécialistes (dont je me repaîtrais néanmoins), l’important c’est qu’il s’agit d’un excellent disque qui a lui seul vaut l’achat de cette réédition sans hésitation aucune !