Même si l’affrontement sur le terrain s’annonce comme le moins intéressant de la semaine, le tailgate de cette semaine met l’emphase sur la rivalité Colts-Patriots, ainsi que sur ses 2 principaux acteurs.
La rivalité de la décennie
Pendant plus de 30 ans, ils se sont affrontés 2 fois par année dans l’indifférence totale. Sauf que depuis qu’ils ne sont plus rivaux de division, mais surtout depuis l’émergence de leurs 2 quarts-arrière d’exception, les duels Colts-Patriots passionnent les amateurs de football. Un intérêt qui s’explique par la qualité des équipes (6 des 10 derniers championnats de l’AFC) et de leurs meneurs (6 des 8 titres de MVP de la ligue entre 2003 et 2010). Dans cette rivalité renouvelée, les représentants de Boston dominent avec 7 victoires en 12 rencontres incluant 2 triomphes sur 3 en éliminatoires. Revisitons certains moments phares de belle série.
Évoluant encore dans la même division, les Patriots ont vaincu leurs adversaires du MidWest à 2 occasions en 2001, incluant lors du premier départ de Tom Brady en carrière. Toutefois, aucun de ces duels n’a soulevé les passions. C’est en 2003 que l’animosité s’est finalement manifestée. En saison régulière d’abord, grâce à un match d’anthologie au vieux RCA Dome entre deux équipes possédant une fiche de 9-2. L’affaire semblait entendue lorsque les Pats prirent les devants 17-0 et 31-10, mais Manning mena une furieuse remontée au dernier quart. Il semblait en voie de compléter le travail alors que son équipe était à la ligne de 2 du Boston avec moins d’une minute au match, mais la défensive de Belichick résista 4 fois plutôt qu’une et les Colts repartirent avec leur petit bonheur. Les fers à cheval obtinrent l’occasion de venger cet échec lors du match de championnat de l’AFC, mais dans la neige de Foxboro, Manning fut intercepté à 4 reprises et c’est Brady et sa bande qui eurent le privilège de se rendre au Super Bowl, privilège qu’ils convertirent en victoire pour leur 2e titre en 3 ans. C’est assez révélateur de l’allure de la rencontre de souligner que le CB des Pats Ty Law a amassé plus de verges sur ses 3 retours d’interceptions dans la partie que le WR vedette d’Indy Marvin Harrison.
L’histoire se répéta en 2004, Boston remportant le match de saison régulière, de séries et le Super Bowl. C’était maintenant officiel, Manning était incapable de battre Brady et celui-ci, avec 3 bagues du Super Bowl en 4 ans, trônait au sommet de la planète NFL. Cependant, dès la saison suivante, Manning se libéra enfin de ce boulet, pulvérisant la Nouvelle-Angleterre, à Foxboro de surcroît. Il répéta l’exploit lors de la saison suivante, mais restait encore à battre Brady là où il est à son meilleur : en séries éliminatoires.
Il en eut l’occasion le 21 janvier 2007, avec un billet pour le Super Bowl à l’enjeu. La rencontre débuta très mal pour Indy et lorsque Manning vit Ty Law retourner son interception dans la zone de buts, il se retrouvait en déficit de 18 points et on entendait déjà les murmures sur l’incapacité du # 18 de battre Brady quand ça compte! Mais il ramena les siens dans le match et au terme d’un 4e quart épique qui vit les équipes s’échanger l’avance régulièrement et un peu grâce à la chance de Reggie Wayne qui récupéra en jonglant son propre fumble, ce furent les Colts qui se sauvèrent avec un gain de 38-34. Manning alla ensuite remporter son seul Super Bowl à vie.
Rendu là, l’affrontement annuel entre ces deux formations dominantes était devenu l’événement le plus attendu de chaque saison de football. Question de pimenter davantage l’affaire, les 2 équipes étaient invaincues au moment de se défier le 4 novembre 2007. Les Colts prirent les devants 20-10, mais cette fois la magie arriva de Brady. Ses 2 passes de touché au 4e quart donnèrent la victoire aux Patriots qui conclurent la saison régulière sans perdre un match.
Après une baisse d’intérêt en 2008 à cause de l’absence du quart des Pats, le match de 2009 fut une autre classique. Avec 4 minutes à la rencontre et une avance de 13 points, l’affaire semblait dans le sac pour Boston, mais Joseph Addai rétrécit l’écart à 6 points grâce à un TD avec 2 :23 à faire. Vous vous souvenez du reste. 4e jeu et 2 verges à franchir au 28 des Pats. Belichick refuse de dégager et tente son coup. Faulk jongle avec la balle et est repoussé à court du premier jeu par les Colts. Bien sûr, Manning rejoignit Wayne pour compléter la remontée et se sauver avec le match. Quant au duel de l’an dernier, il fut aussi chaudement disputé, mais le retour des Colts fut stoppé net par l’interception de James Sanders avec 32 secondes à faire au match. Écrire tout cela me donne le cafard quand je pense à ce à quoi le match d’aujourd’hui ressemblera...
Tom Brady
Parlons maintenant des 2 vedettes incontestées des affrontements Colts-Patriots, soit les 2 quart-arrières. Peyton Manning aura son tour, mais voici d’abord un top-5 consacré au meneur des Patriots, Tom Brady.
5 ) Maître contre les éléments : Brady a livré certains de ses meilleurs matchs dans des conditions hivernales. Demandez-le aux Titans de 2009, victimes de sa meilleure performance à vie (6 touchés) dans la tempête, dont un incroyable 5 dans le deuxième quart, un record qui tient toujours. De plus, qui peut oublier son premier match éliminatoire. Oui, oui, le match du Tuck Rule. La controverse entourant cet appel ne devrait pas faire oublier que M. Bundchen avait passé la balle pour 312 bornes et effacé un déficit de 10 points au dernier quart, et ce en pleine tempête. La première d’une longue série de belles performances en séries
4 ) Les grands matchs : Ce ne sont pas les gros matchs qui manquent au tableau de chasse de Tom Brady en saison régulière. L’habitude de coach Belichick de ne pas lever le pied, même avec une forte avance fait en sorte que son QB a connu des matchs, et des saisons, d’anthologie. Deux fois (contre Miami en 2007 et contre les Lions au thanksgiving de l’an passé), il a maintenu un QB rating parfait de 158.3 et en lever de rideau de l’actuelle saison à Miami, il a connu sa production aérienne la plus époustouflante de sa carrière, amassant 517 verges, dont 99 sur cette passe à Wes Welker.
3 ) Clutch en séries : Tôt dans sa carrière, les statistiques du beau Tom n’étaient pas si éloquentes, sauf que quand l’enjeu était important, il se levait. Demandez-le aux Steelers de 2004, meilleure défensive de la NFL à l’époque, qu’un Brady brûlant de fièvre et ayant dû subir un traitement par intraveineuse la veille avait dépecé en route vers le 3e Super Bowl des siens. Vous pourriez aussi en parler aux Chargers de 2006, forts d’une fiche de 14-2 et grands favoris pour remporter le Super Bowl, renversés chez eux par le quart qui ne perd pas en séries. Brady a remporté ses 10 premiers matchs en séries (un record) et sa fiche globale est de 14-5.
2 ) Le record de touchés : 2007 fut une saison exceptionnelle pour l’ancien Wolverine et les siens. Parfaits en saison régulière, la connexion Brady-Moss était trop forte pour toutes les défensives de la NFL. Lors du dernier match de la saison, cette passe du QB vers sa cible favorite a brisé deux records d’un coup : celui de Jerry Rice pour les passes de TD (23) captées par un receveur et celui de son grand rival Manning pour le plus de passes de TD (50) par un QB dans une saison. La marque tient toujours.
1 ) Les Super Bowls : C’est de là que vient la mystique. Détenteur de 3 bagues de championnat, seuls Terry Bradshaw et l’idole de jeunesse de Brady, Joe Montana en ont plus que lui. Tous ces matchs furent très disputés et si Adam Vinatieri aura toujours sa place dans l’Histoire pour ses bottés victorieux, les drives décisives menées par Brady contre les Panthers et les Rams sont dignes de sa légende. Le # 12 fut choisi joueur le plus utile de ces 2 rencontres.
Peyton Manning
Un autre dont la carrière le mènera directement au temple de la renommée du football, le QB des Colts a montré à maintes reprises qu’il pourrait aussi être digne d’avoir son étoile sur Hollywood Boulevard si l’envie lui prenait dans son après-carrière. En entendant, concentrons-nous sur ses exploits sur le gridiron.
5) M. 4000 verges : Passeur émérite, Manning a atteint le plateau des 4000 verges dès sa deuxième saison dans le circuit en 1999. Il n’a jamais cessé de repousser cette marque, l’atteignant 11 fois en 14 saisons (incluant cette année qui ne devrait pas compter), soit beaucoup plus que n’importe qui d’autre dans le football. D’ailleurs, voyons-voir combien de QB ayant atteint cette marque vous pouvez identifier!!
4 ) Manning – Harrison : Peyton Manning a toujours eu de bons receveurs à qui lancer la balle. Son premier et le plus célèbre : Marvin Harrison. Le duo détient à peu près tous les records possibles entre un WR et son QB, du nombre de catchs réussis (953), au nombre de verges accumulées (12 756). Aucun ne compte plus que le record de 112 passes pour le majeur captées par Harrison et catapultées par Manning. (allez à 1 :39 sur le vidéo)
3 ) Vaincre ses démons : Tout au long de sa carrière, les détracteurs du Shérif ont dit la même chose. Il produit des stats incroyables en saison et s’effondre dès que l’enjeu augmente. J’ai documenté plus hauts ses ennuis contre les Pats, mais en début de carrière, ce fut long avant que les jeunes Colts furent pris au sérieux. C’est en 2003, lors d’un match du lundi soir à Tampa Bay que les choses commencèrent à changer. Perdant par 21 points, les Colts (forts d’un début de saison de 4-0) et leur quart semblaient encore vouloir disparaître dans un moment important. Mais Manning mena une charge furieuse contre la défensive des champions du Super Bowl et Indy gagna le match en prolongation.
2 ) Le record de touchés : Avant Brady, il y a eu Manning. C’est en 2004 que Peyton relégua Dan Marino aux oubliettes, avec une saison de 49 passes de touché. C’est Brandon Stockley qui mit le grappin sur cette passe historique. (allez à 1 :36 sur le vidéo). Les statistiques 2004 du # 18 sont démentes : 4 557 verges, 49 td, 10 interceptions et un QB rating de 121.1. Sans surprise, il remporta son 2e titre de joueur le plus utile consécutif cette saison-là.
1 ) La consécration ultime : La différence entre Peyton Manning et Dan Marino? Cette soirée pluvieuse du 4 février 2007 à Miami où, sans être extraordinaire, Manning en a fait assez pour soulever le trophée Vince Lombardi. Bien que ça lui prendrait un autre titre pour être considéré comme le meilleur de tous les temps, ce triomphe fait en sorte que ses nombreux exploits ne seront jamais éclipsés par l’absence d’un championnat à sa fiche, comme c’est le cas pour Marino.
Quand ça va mal…
La saison des Chiefs a déjà tourné au cauchemar depuis longtemps, mais voilà que le burlesque la rattrape. Non, non, pas Plaxico, lui c’est la semaine prochaine qu’ils devront s’en occuper. Mais voici qu’un cougar (j’aime mieux le terme anglais « Mountain Lion », ça fait plus épeurant) rode à proximité du complexe d’entraînement de l’équipe, sans doute à la recherche d’un jarret bien dodu pour le lunch! Coach Haley signale que ses joueurs se déplacent maintenant en groupe de deux pour rejoindre leurs véhicules le soir, ce qui veut dire que si le cougar attaque, au moins il y aura un coéquipier pour filmer la scène avec son téléphone intelligent et déposer ça sur Youtube après! Ma suggestion ? Ndamukong Suh est en congé pour 2 semaines et il a un surplus d’agressivité à évacuer. Engagez-le comme gardien de stationnement. Si le cougar se pointe, il va manger une sale volée!
La question de la semaine :
L’éternel débat : Brady ou Manning ? Qui est le meilleur (je parle évidemment de l’ensemble de leur carrière) et pourquoi ?