Avant d'évoquer ce personnage haut en couleurs, un petit rappel. Vous trouverez dans le très beau livre de Bettane-Desseauve publié par Minerva en 2006 "LES PLUS GRANDS VINS DU MONDE" de très belles descriptions de ces domaines allemands (pages 350 à 383). Les commentaires de Michel parlent magnifiquement de ces familles si respectueuses de leurs terroirs, des traditions locales et familiales, avec des descriptions sensibles des plus belles cuvées.
Donc, notre troisième visite fut pour Ernst Loosen, un fou fondu de la Bourgogne (il a plus de 10.000 cols bourguignons en cave) et dont les rieslings sont des monuments recherchés dans le monde entier. Nous nous étions déjà rencontrés là encore grâce à Otto Geisel, et ce qu'il nous expliqua sur sa région, sur Bernkastel où il nous invita à déjeuner, sur ses vins de glace qu'il espère produire cette année, tout cela fut un moment de pur bonheur.
Il faut savoir que des liens matrimoniaux complexes associent son nom à deux autres noms du vignoble germanique : les Prüm et les Weil (par son épouse qui l'oblige, en souvenir de sa famille, à produire un peu de pinot blanc, vin qu'elle aime par passion et fidélité à ses origines régionales).
Ici, le riesling est le roi. Unique. La chose la plus importante à retenir est la nécessité absolue à garder ces crus au moins 6 ans en cave (je dirai plutôt 10 ans), tant les grands rieslings, qui peuvent être merveilleux de race et d'élégance dans leurs premières années, ont besoin d'être attendus pour commencer à développer l'extraordinaire palette aromatique qui est leur signature incontestée. En vins blancs, c'est incontestablement le cépage le plus fascinant au monde.
Sur la rive opposée par rapport aux Prüm, à moins de dix minutes de cet autre domaine de référence, la demeure Loosen sise au bord de l'eau est totalement dominée par des vignes qui vous donnent le vertige. Abrupt à souhait : et pourtant, chaque année, les mêmes familles allemandes et polonaises reviennent pour des vendanges qui, ici, sont tout à fait particulières.
Je m'explique : il y a d'abord un passage méticuleux de personnes choisies et hyper-professionnelles qui ramassent avec 3 paniers différents, les grains en fonction de leur maturité. Vous comprenez tout de suite cela en regardant les photos suivantes :
Sur le même pied, des raisins pour du Kabinett, d'autres pour du Spätlese et Auslese, d'autres déjà mûrs pour des Beerenauslese. Grain par grain, les vendangeurs remplissent ainsi des paniers séparés (ci-dessous). Les vendangeurs "normaux" n'ont plus qu'ensuite à ramasser les raisins laissés sur les ceps par les spécialistes du tri.
Je ne vous dis pas combien de temps il faut donner pour ce travail de fourmi : Ernst nous donna comme repère : 40 personnes pour un demi-hectare, pendant une journée !
Un autre exemple flagrant de l'évolution de grappes sur le même pied !Qui croyait à une telle différence sur un même pied ?
Quand Ernst Loosen nous explique ce travail des vendangeurs
Un autre de ses passions : des antiquités automobiles. Il a fallu plus de 4 ans pour remettre à neuf cette Jaguar 3.8 litres, et il y en a une autre en cours de restauration.
Je suis trop gentil ! Deux magnums que je ferai déguster aux membres du Club qu'on a créé à Paris avec Laurent Vialette, lors de notre dîner de fin d'année le 20 décembre. Merci Ernst d'avoir pris cela sur ta cave perso !
La carte historique qui recense tous les lieux-dits, dont naturellement les grands crus sur la base d'un recensement fiscal fait en 1906 et mis à jour régulièrement.
De Bernkastel (très beau bourg gemütlich avec son marché de noël) vers le haut : la crème de la crème des meilleurs terroirs.
Avant nos AOC, mais là, pour des recettes fiscales ! :-)
Passez par Piesport : incroyable de voir comment on a planté ici dans des pentes rocheuses ce cépage riesling !
Bon : en Alsace on a aussi de telles vignes vertigineuses comme me l'a expliqué Madame Schlumberger qui voulait créer un Club européen des "7". Soit 7 niveaux de vignes en palier d'un rang.