Magazine Afrique
Aprèsla crise, une partie du personnel a quitté l’entreprise, une autre a été« libérée », comme on dit dans le langage politiquement correcte.Ambiance spé. Malgré tout, la vie continue pour nous qui restions. On retrouvenos repères. On se gonfle la poitrine de courage et on se met à l’ouvrage.
Unmatin, "Jumbo" fit son entrée dans l’entreprise. Elle est la nouvelleDirectrice Marketing. Hystéro-compulsive et limite schizophrène, la nouvelle DMdébarque, investie d’une mission : Mettre tout le monde au pas.
Il nenous a fallu que quelques jours pour connaître son « identitéprofessionnelle ». Eh oui, nous souffrons tous dudédoublement de la personnalité que l’on soit dans notre environnementprofessionnel ou en dehors.
Fiched’identité de "Jumbo":
(On l'appelle ainsi car physiquement, elle ressemble à un cube d'assaisonnement - carrée des épaules avec un fessier plat et large; elle se mêle de tout ce qui ne la regarde pas, comme un cube d'assaisonnement; elle peut écoeurer lorsqu'elle est trop présente, comme un cube d'assaisonnement).
Aspectnuméro 1 : Abonnée à la crise denerfs et à une activité zygomatique excessive.
- - « Madame, il manque la référence sur lacommande…- - Etalors ? Vous ne pouvez pas faire sans ?- - Mais, Madame, c’est la procédure …- - Faites ceque je vous dis ! C’est pas à moi de faire votre boulot !!!!»
Aspect numéro 2 : Elle dit être la chouchoudu patron et qu’elle peut faire ce qu’elle veut.
( ???)Choucou du patron ? (« Etre chouchou de… », c’est pas uneexpression de maternelle ça ? Ca existe encore des gens qui disent cegenre de choses ?)
Aspect numéro 3 : Victime de dérèglements hormonaux.
Ellesoupire toutes les minutes. Non, plutôt, elle expire à grand bruit ens’épongeant le front avec un gant tout crasseux (Eurk !), son outil deprédilection pour lutter contre les bouffées de chaleur.
Aspect numéro 4 : Haleine à réveiller uncadavre.
Chaqueexpiration s’accompagne d’une brise chaudement colorée d’un savoureux mélanged’œufs pourris et de fromage ivoirien (ça n’existe pas, c’est pour vousdire !) provenant de sa commande d’expression orale qui dégaine plus viteque son ombre, autrement dit la bouche.
Alors,à chaque fois qu’elle ouvre la boite à camembert, on n’a qu’une envie :s’enfuir et lui crier à la figure « Ferme ta … ! » (Pardon.)Quandelle fini de parler, tu cherches, tu cherches, tu re-cherches, tu trouves pas.Tu ne sais plus ce qu’elle a dit. T’as tout oublié. Tu es plutôt préoccupé parles champignons qu’elle t’a sûrement envoyé à la figure avec ses postillonscontagieux.Jen’imagine pas la plantation de mycoses qu’elle doit avoir entre les dents.
Unmatin, "Jumbo" a donné de la voix dans l’openspace pour une histoire de « vous ». Elle est tombée sur leresponsable de la logistique qui aurait vouvoyé, dans un de ses mails,l’assistant de la toute puissante Directrice Marketing ! Il a eu lemalheur de vouloir donner un caractère un peu plus professionnel à sa conversationécrite que celle communément utilisée oralement dans les couloirs. Non, non,non, ceci est inacceptable ! Pourquoi M. Logis, dit « vous » àson assistant ? C’est la preuve qu’il est un récidiviste de la mauvaiseambiance, un saboteur de tous les efforts qu’elle consacre àl’harmonie de l’entreprise !
Convocationdirecte. Comité de Direction de crise.
Pasde bouteilles d’eau ni d’amuse-bouche sur la table de réunion. C’est tendu.Onlaisse trainer les oreilles, mais rien ne filtre. Soitl’heure est grave, soit... l’heure est grave. Jefais du zèle en restant un peu plus tard au bureau car je veux tout savoir. Je cède à21h30.
Lelendemain, j’apprends qu’il y a eu baston. (Qui m’a dit de partir hier ?)Ilss’égorgèrent sans tomber d’accord. Deux camps au combat. Le camp des cireurs de pompes, qui préfèrent être du côté de la chouchou espérant gagner une promotion et le campdes rebelles-révoltés qui n’en peuvent plus des mycoses.
Jeraconte l’affaire à mes copines du quartier. Elles me soupçonnent d’avoir mentique j’avais réellement un boulot.
Oui, c'est délirant.
C'est ma nouvelle boite!