Pourtant cette semaine je n’ai pas assuré. Ma mémoire a failli dans les largeurs. Voilà des semaines que je guettais du coin de l’œil le Festival Kinotayo à la Maison de la Culture du Japon à Paris. Un festival de films japonais récents dont la réputation n’est pas la plus étincelante de la capitale mais qui permet tout de même de découvrir des inédits parfois alléchants. Avant que je me penche en détail sur les films projetés, j’avais immédiatement repéré dans le programme Guilty of Romance de Sono Sion, que je n’avais pas pu voir à l’Étrange Festival en septembre (contrairement à Cold Fish) et que je comptais d’autant plus rattraper lors de Kinotayo que le réalisateur et son actrice Megumi Kagurazaka étaient annoncés présents aux projections
Lorsque je me suis enfin penché sur le reste de la programmation, j’ai sélectionné une demi-douzaine de films que j’étais en mesure de voir malgré mon retard. Chaque soir, je me suis trouvé une excuse pour finalement ne pas y aller. De mauvaises critiques, d’autres choses à voir, une grande fatigue, toutes les excuses ont été bonnes pour finalement ne pas me déplacer jusqu’à Bir-Hakeim et tous les rater. Sauf Guilty of Romance. Il était hors de question de le rater celui-là, même si Cold Fish avait été loin de m’emballer à l’Étrange. La première des deux projections qui étaient à ma portée, je l’ai sciemment ratée. J’avais entendu dire que les projections en présence de Sono Sion étaient blindées à la MCJP, et il n’en fallu pas plus pour me décourager de faire le pied de grue pour ne pas être assuré d’entrer en salles. La solution me tendait les bras : la dernière projection du film, hors les murs de la MCJP.
Je venais alors de rentrer chez moi après être allé voir Le stratège, qui en fin de seconde semaine d’exploitation, était annoncé partant dans la plupart des salles qui le projetait. Un film sur les coulisses d’un club de base-ball, Brad Pitt a beau en être la tête d’affiche, ça ne fait pas un kopeck auprès des spectateurs français. En découvrant que le film risquait de ne plus passer à Paris deux jours plus tard, j’ai paniqué et me suis précipité aux Halles pour le voir, à la séance de 17h ce fameux lundi. Et je n’ai pas regretté un seul instant tant le film, un brillant regard sur les arcanes d’un sport si opaque, éloquent et passionnant, n’est pas un simple film de sport. J’en suis sorti conquis… jusqu’à ce que, arrivé chez moi donc, j’aie un flash. « Mais… mais… on est lundi 28 !! Mais… mais… c’était aujourd’hui la projo de Guilty of Romance !!! NOOOOOOOOOON !!!! C’est pas VRAIIIIIIIIIIIII !! Je l’ai raté !!!! J’ai oubliééééé !!!! Pourquoi je ne suis pas allé voir Le stratège demain !!!??? Je me serais bien tapé la tête contre les murs si je ne tenais pas à celle-ci plus que cela. C’était rageant. Voilà que j’étais mitigé entre mon enthousiasme pour le film de Bennett Miller que je venais de voir et le désespoir d’avoir totalement raté le Sono Sion que je m’étais promis de voir. Et ce n’est pas comme si de toute façon, Guilty of Romance allait sortir en salles dans 3 mois. Les films du japonais ne sortent jamais en salles en France. Jamais.