Un titre simple comme Rohmer savait coudre : du genou de Claire à Pauline à la plage. Ce désespérant cinéaste qui ne laisse pas de prise sur le lisse de sa superficialité. Le plus important, c'est la peau, la surface des choses, la mousse d'un dialogue d'une riche banalité tissé de l'entrecroisement courtois de désirs. On pense à Jean Renoir et aussi à John Sayles qui dessinent, par la ligne claire des plans, un paysage commun et éblouissant sur lequel on glisse à l'infini des intérprétations possibles. Une avarice de l'image, sans trop d'apprêt, sans aucun effet, qui engendre un maximum de plaisr questionnant. Le spectateur est toujours dans une expectative qui le titille, effleurant le mouchetage des fines lames. Ne cherchez même pas des effets de langage, des jeux de mots sont absents : cest trop univoque, connoté. Dirigez vos yeux plutôt vers cet improbable rayon vert, cet instant clé de voûte où tout bascule sans que vous vous en soyez même rendus compte.
Voilà pour le titre.
Cette petite fille ne se prête pas au jeu du photographe qui est de déstabiliser son sujet pour saisir ce rayon vert de l'instant où le sourire disparaît vers un autre sentiment. Instant fin que peu saisissent, celui où le visage cesse de se composer un masque familier et souriant pour, littéralement, se décomposer pour se re-composer. Le glissement de l'un à l'autre, c'est ce que chacun ne veut pas montrer (et qu'il refuse de voir) et que le photographe veut saisir, révélant la face cachée (celle qu'aucun miroi, aucun média "social" -FACEbook- ne montrera jamais), l'autre en soi. La Horla, en somme.
Et ce sourire qui ne quitte pas cette petite fille, imperméable au poivre, quasiment bouddhique et par là impénêtrable. Ce sourire ingénu d'enfance qui n'est même pas un masque, mais une confiance amoureuse, sans doute autiste, que rien ne viendra jamais corrompre, il désarme le photographe.
Voilà pour la vidéo.