On voit se dévoiler, après ces premières législatives, le vrai visage de l'Égypte. A vrai dire, au fond, celui que j'avais déjà aperçu il y a près de 15 ans en voyageant là-bas.
Réaction, obsession, mysoginie, persécution et islam radical. Je ne suis pas prêt de remettre les pieds là-bas. Nous n'avons plus qu'à offrir l'asile politique aux libéraux égyptiens (à commencer par la charmante Aliaa) ainsi qu'aux Coptes, car ils seront pourchassés et persécutés.
Je vois également qu'Al Qaeda a fait preuve de perspicacité en annonçant son soutien à toutes les révolutions en cours. Cette organisation a bien perçu les strates qui les souvevaient. De toutes façons, qu'aurions-nous pu faire en Europe ? Continuer à soutenir des tyrans qui ne valent au fond guère mieux ?
Au fond, là où les Anglais et les Français sont intervenus, d'une certaine manière, ils ont aussi coupé l'herbe sous les pieds des islamistes radicaux, en tout cas, d'Al Qaeda. Peut-être devrions-nous nous hâter de songer à des initiatives bien plus fortes en Syrie.
Il reste à espérer qu'une partie de l'islamisme sera soluble dans la démocratie, comme au Maroc, en Tunisie ou en Turquie. Au Maroc, à n'en pas douter, le roi est un garde-fou. En Tunisie, Enahda est loin de représenter toute la population ; en Turquie, Erdogan est une grande gueule, mais pas un tyran. En Lybie, le CNT et les tribus ont désormais une bonne opinion de la France et de la Grande-Bretagne. En Égypte, en revanche...Une fois les Islamistes au pouvoir, ils vont à l'évidence regarder avec complaisance ceux du Hamas, même si ces derniers se sont davantage appuyés sur l'Iran que sur l'Islam sunnite pour poursuivre leur lutte.
Jamais l'Islam n'a été aussi mal dans son histoire. Il vit une crise sans précédent. J'ose espérer qu'il en émergera pourtant une lueur d'espoir un jour, mais j'avoue que je suis peut-être très optimiste.