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[Critique DVD] Shotgun stories

Par Gicquel

Sur le coup, on pourrait en rire. Alors que l’on enterre un homme digne de foi et respecté de tous, ses trois enfants issus d’un premier mariage viennent à la cérémonie, casser la baraque. Cet homme n’était pas celui que vous croyez, dit en substance le trio. «  Il a fait comme si on n’était jamais nés ». Ambiance et le sourire se fige. La hache de guerre est déterrée, et les deux camps s’observent. Quelques escarmouches, mais rien de très méchant ; chacun retourne à ses occupations. C’est peut-être Bob Hayes, le plus intéressant, le frère un peu balourd et entraîneur d’une équipe de basket à la dérive.

Auteur, scénariste et réalisateur, Jeff Nichols , s’y attache particulièrement au point de filmer quelques jolies séquences d’entraînement.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On s’éloigne du sujet ? Pas vraiment. Les autres frères ne sont jamais loin et  sur le bord du terrain, on discute. De tout et de rien, un peu à l’image de ce film qui se prélasse comme pour mieux endormir l’adversaire. Le réveil est brutal et bien que prévisible, l’uppercut est sans sursis.

Nichols qui jusque là n’avait rien d’un belliqueux garde le sang froid d’une mise en scène implacable. Sa caméra parle pour lui , et le règlement de compte peut commencer.Si tous les coups sont permis, à commencer par la mort d’un chien, n’attendez pas le grand carnage ou des duels à la Eastwood. Le western qui se joue ici, dans le fin fond de l’Arkansas à des allures de tragédie antique.

La mort entraîne la mort, l’honneur doit être sauf. Une spirale infernale que le cinéaste agite posément, conforme au profil de ces gens du sud des Etats-Unis, taiseux, mais revanchard.

[Critique DVD] Shotgun stories

Une fratrie contre une autre, dans le silence éloquent de la campagne de l'Arkansas

Il filme, simple , juste , comme dans un roman de Carver,  les silences annonciateurs d’orages, les regards éteints qui déchirent. Un cinéma d’atmosphère, élégiaque et tranquille,  parfaitement maîtrisé pour un premier film qui lui aussi se cherche une famille. Mais le fait de n’en pas trouver est peut-être le signe d’une originalité annonciatrice d’un futur grand du cinéma américain. La relève se fait attendre.


Suppléments :

Entretien avec le réalisateur (15’)

Le tournage s’est effectué en 21 jours.  » Nous travaillions 12 heures par jour, 6 jours par semaine. C’était la seule solution pour que les choses se fassent. On a juste pris du retard un jour à cause de la pluie. »

Il parle de son film en général et de ses personnages en particulier, « des gens du sud que certains trouveront peut-être idiots », dit-il, « mais j’ai voulu décrire ces gens là, qui ne sont pas rustres, et les paysages qu’ils habitent, sans les clichés habituels du cinéma ».

La vengeance ? «  C’est un  thème universel que j’exploite dans un lieu bien particulier, et c’est peut-être aussi pour cette raison que le film a bien marché en dehors de nos frontières » pense-t-il encore en expliquant notamment l’absence de toute violence à l’écran. Effectivement ça nous change un peu.


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