Magazine Côté Femmes
Lorsque vous avez 24 ans, vos amis qui ont passé les 25 vous préviennent: le passage au quart de siècle fait mal au moral. Personnellement, je n'ai rien senti. Enfin ça c'était jusqu'à il y a quelques mois.Ah ça, j'ai fait la maligne en Février dernier, quand ça ne m'a pas changé de mes 24, 23 ou 22 ans de passer aux 25! J'ai eu un temps de retard, qui m'a rattrapé à grand coup de claques dans la tronche: c'était l'heure du bilan.
Là, tout de suite, en écrivant cet article, j'ai en tête notre amie Britney. Sauf qu'il me semble qu'elle était bien plus jeune que moi quand elle chantait ça. Mais c'est exactement ce que ça m'a fait, quand j'ai réalisé que j'avais 25 ans: je suis le cul entre deux chaises, à ne pas savoir si je suis une fille ou une femme. Ah! La grande question qui appuie là où ça fait mal! A l'heure où les féministes voudraient nous empècher de dire à l'administration qu'on est pas mariées et qu'on l'assume, j'avoue qu'entre le Mademoiselle et le Madame, je ne sais pas trop où me placer. Mariage mis à part.
Je ne suis plus une adolescente, de façon certaine. Une jeune fille, autour des 20 ans, non plus. A 25 ans, dans la tête des gens, on est une femme. Aïe. Le mot qui pique. Dans ma tête, une femme c'est ma mère. Ma cheffe. La boulangère. Ma collègue. Voire certaines de mes amies. J'ai le même âge que certaines, mais j'ai beaucoup de mal à passer le cap. Je suis en plein dedans à vrai dire. C'est un peu comme traverser un pont suspendu en patins à roulettes: c'est casse-gueule, stressant, on perd facilement l'équilibre.
Il y a à notre époque un décalage entre ce qu'on devrait avoir déjà accompli à 25 ans, selon ceux qui dirigent le pays et qui ne sont pas exactement de la même génération, et la réalité. J'ai l'impression que pour me sentir femme, et l'assumer, j'aurais besoin d'avoir des enfants, d'avoir démarré une vraie carrière professionnelle à la hauteur de mes ambitions, un prêt immobilier sur le dos mais une maison bien à moi. Démarrer ma vie, enfin. En fait, alors que le monde autour de moi me considère déjà comme une femme, je sais d'avance que je ne me sentirai pas comme telle avant 2 ou 3 ans, au mieux. Est-ce que je vais vivre 2 ou 3 ans avec un foutoir dans le cerveau?
Les entre-deux, c'est pénible. Il est facile de retomber en adolescence et dans cette insouciance rassurante: il suffit de se laisser aller, de faire l'imbécile, d'écouter la musique de nos 15 ans, de regarder un vieux film comme au lycée, de glousser avec les copines et de se quereller comme au collège. Par contre, on ne peut pas se projeter dans l'âge "adulte", comme quand on aura 35 ans, pour se préparer. On attend juste que le temps fasse les choses, et ajuste la façon dont on se sent avec celle dont on nous perçoit.
Je me demande si les garçons se prennent autant la tête quand il s'agit de devenir des hommes. Quoiqu'ils ont encore quelques années après leurs 25 ans pour y penser, généralement.