Depuis mars 2011 et l’annonce fracassante du rachat de T-Mobile USA par AT&T, le 2ème plus grand opérateur téléphonique des Etats-Unis n’a pu être que le spectateur de l’échec de son union. C’était pourtant un très joli coup économique, comme en voit rarement en fusion-acquisition. Ce rachat de la filiale américaine T-Mobile à sa maison mère Deutsche Telekom pour 39 Milliards de dollars dont 25 milliards en liquide et le reste en échange d’actions (la Deutsche Telekom détiendrait alors 5% d’AT&T) serait devenu un cas d’école, un exemple à citer encore des années plus tard. Il faut dire que le plan était alléchant : en faisant l’acquisition de T-Mobile -qui possède 9% du marché américain-, AT&T, qui culmine actuellement à 27% de part de marché, aurait détrôné le champion en titre, j’ai nommé Verizon et ses 31%. Et il faut bien comprendre les enjeux d’une telle transaction et l’importance qu’ont ces quelques chiffres. Dans un Etat-Continent comme les Etats-Unis, la couverture de l’ensemble du territoire est très difficile techniquement et surtout extrêmement coûteuse. D’où l’envie irrésistible pour AT&T de détenir 36% du marché : sa situation de leader attirera sans cesse de nouveaux clients désireux d’avoir le meilleur réseau possible dans tous les recoins du pays. Et la dote était trop bellepour que la mariée refuse. Les étoiles, enfin les satellites des futurs époux, brillaient de mille feux pour célébrer ce mariage en grande pompe.
Si quelqu’un veut s’opposer à cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais…
MOI ! crie l’administration américaine. Pas moins de sept Etats s’y sont fermement opposés, et la FCC -la Commission Fédérale des Communications-, a ouvert une enquête puis a saisi le Département de Justice pour intenter un procès à AT&T qui devrait se tenir en Février. Pourquoi donc l’un des pays les plus libéraux au monde ne laisse t-il pas la loi du marché suivre son cours? Par peur de la constitution d’un duopole très puissant qui détruirait les petits acteurs et leurs emplois, le n°3 Sprint Nextel en tête. Par crainte que ce secteur ultra dynamique s’endorme sur ses lauriers et oublie l’innovation qui apporte tant à la position dominante des Etats-Unis dans le monde…
Et ainsi se termine la belle cérémonie : AT&T semble s’être définitivement résigné en retirant aujourd’hui son dossier de rachat et commence à rassembler les 4 Milliards de dollars de compensations nécessaires à la rupture du contrat. AT&T-Mobile n’est pas prêt de naître…
Timothée Guérin