C'est l'innovation frugale (F...comme frugale).
Courrier International faisait ainsi le tour du mot Jugaad en décembre 2010 :
"L’Inde s’impose de plus en plus dans l’imaginaire du monde – surtout dans celui des affaires – comme un pays où l’esprit d’entreprise est non seulement un moteur de croissance économique mais aussi une forme d’ethos social. Cette culture porte un nom : jugaad.Appelé “la voie indienne” dans les milieux du business, ce concept que l’on pourrait traduire en français par “bidouillage” est très à la mode. Il permet de considérer que les centaines de millions de pauvres en Inde qui tentent de survivre en exerçant un petit métier, sans salaire et sans protection sociale, sont en fait de véritables entrepreneurs, à l’esprit d’innovation indéniable. Jugaad renvoie ainsi à la notion de bricolage, à cette capacité de fabriquer ce dont on a besoin avec ce qui est à portée de main. C’est ainsi que des véhicules hybrides recomposés avec des pièces récupérées sur d’autres machines sont appelés en Inde desjugaad. Le terme désigne donc une capacité d’innovation qui intervient pourtant dans un contexte très contraignant ; il exprime la ténacité devant des défis insurmontables. C’est l’esprit de jugaad qui fut évoqué lorsque le monde entier commençait sérieusement à douter de la capacité de l’Inde à ouvrir les Jeux du Commonwealth, alors que les retards s’accumulaient. Et le monde entier a pu constater le succès du jugaad, car les jeux ont bel et bien eu lieu. Le mot s’applique aussi à un contexte particulier, celui d’un système corrompu de bas en haut, dans lequel les Indiens doivent “bidouiller”. Les politiciens indiens sont particulièrement adeptes de cet art : rien n’est plus banal que les fortunes et les comptes qu’ils amassent dans les banques suisses. Or les dernières affaires de corruption qui ont secoué l’Inde ont choqué même un public indien pourtant bien habitué. Les ventes frauduleuses de licences de téléphonie mobile par le ministre des Télécommunications font aujourd’hui scandale. Mais, comme me l’a récemment confié un Indien qui devait s’y connaître, quelqu’un qui sait profiter de la corruption est forcément doué d’un esprit entreprenant, l’essence même du jugaad !"
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