Cette nouvelle souche hautement pathogène du virus aviaire H5N1, développée sur des furets par un biologiste hollandais inquiète certains scientifiques et la Sécurité américaine qui parle de menace biologique. Au point que l'Agence de Biosécurité américaine (NSABB) bloque la publication de ces recherches dans la revue Science car ces informations pourraient bien tomber dans de mauvaises mains. Cette variante génétique de H5N1 aussi transmissible que la grippe saisonnière vient ajouter au risque de résurgence lié à l'expansion géographique du virus H5N1 et à l'identification d'une souche mutante en Asie. C'est l'inquiétude manifestée par les experts européens, à l'occasion de la 4ème Conférence de l'ESWI (European Scientific Working group on Influenza).
Une nouvelle expansion géographique du virus H5N1 : Actuellement, le virus de la grippe aviaire connu, H5N1, est identifié dans des pays où il avait disparu durant plusieurs années (en Bulgarie, Roumanie, Israël, les Territoires palestiniens, au Népal et en Mongolie). Rappelons que la grippe H5N1 a touché 565 personnes depuis 2003 et fait 331décès, dont le dernier en août 2011 au Cambodge.
Les signes d'une souche mutante qui se répand en Asie : Ce sont les scientifiques experts de la grippe, réunis à la 4è Conférence ESWI Influenza qui l'affirment. Une variante du virus de la grippe H5N1 serait apparemment capable de résister aux vaccins existants est apparue au Vietnam et en Chine. La souche aviaire, en provenance de la volaille et des oiseaux sauvages, appelée H5N1, 2.3.2.1, pourrait se propager à d'autres pays asiatiques.
Un risque de résurgence de la grippe aviaire hautement pathogène H5N1. Les universitaires et les experts en santé publique réunis, en septembre dernier à la Conférence ESWI ont exprimé la menace posée par le virus H5N1.
Une variante génétique de H5N1 aussi transmissible que la grippe saisonnière: Dans le même temps, une étude du Centre médical Erasmus des virus de la grippe aviaire provoque beaucoup d'anxiété chez les scientifiques. Un chercheur biologiste, Ron Fouchier vient de développer une variante génétique du virus de la grippe aviaire H5N1 qui peut être transmissible d'humain à humain. "Ce virus se transmet aussi facilement que la grippe saisonnière», a déclaré Ron Fouchier du Centre médical Erasmus à Rotterdam, aux Pays-Bas, lors de sa présentation à la Conférence de l'ESWI. Evidemment la crainte est que le virus puisse tomber dans de mauvaises mains. Jusqu'à ce jour, un seul cas de transmission d'homme à homme a été documenté, en Indonésie. La variante génétique développée par Ron Fouchier a pu être transmis de furet à furet, or l'animal présente un comportement très similaire à celui des humain, face au virus, c'est d'ailleurs pourquoi cela en fait un modèle de prédilection pour les chercheurs.
Cinq procédures génétiques ont été nécessaires pour aboutir à ce virus transmissible: 3 mutations connues de H5N1 qui l' adaptent » aux mammifères, puis une dizaine de transmissions du virus modifié entre les furets conduisent à des mutations supplémentaires. Des mutations qui se produisent dans la nature déjà, mais indépendamment les unes des autres et pas sur la même souche. En pratique, toutes ces mutations sont possibles puisqu'elles ont déjà toutes été identifiées, mais séparément, chez les oiseaux. En appliquant ces mutations sur la même souche et en transmettant plusieurs fois le virus de furet à furet, le virus obtenu s'avère transmissible dans les gouttelettes aéroportées.
Une publication en suspens ? Le chercheur a donc soumis un article sur sa recherche à la revue Science, mais, à ce stade, le National Science Advisory Board pour la biosécurité (National Science Advisory Board for Biosecurity NSABB) évalue si l'article ne comporte pas des informations trop sensibles. Car le travail de Ron Fouchier décrit les mutations qui pourraient permettre au virus aviaire H5N1 de provoquer une nouvelle pandémie meurtrière. Le New Scientist s'est fait néanmoins écho de ces recherches, sous la pression des virologues qui estiment que ces informations sont essentielles à la surveillance du virus H5N1 naturel.
«Le potentiel de fuite de ce virus est stupéfiante», explique, dans le New Scientist, DA Henderson, du Centre pour la biosécurité de l'Université de Pittsburgh (Pennsylvanie)- qui a dirigé l'éradication de la variole. D'autres chercheurs disent que les risques sont surestimés et que la nature est capable de produire des virus bien plus pathogènes que l'Homme. C'est le cas de Peter Palese du Mount Sinai School of Medicine à New York. D'autres encore expliquent que ces recherches permettront plus de biosécurité en montrant quelles sont les mutations à rechercher dans le virus sauvage H5N1. C'est le cas de Daniel Perez de l'Université du Maryland.
Sources: The New Scientist « Bioterror fears could block crucial flu research” “Five easy mutations to make bird flu a lethal pandemic” ESWI (European Scientists Fighting Influenza) “International experts warn of possible resurgence of H5N1 avian influenza. Latest insights to be reviewed at Fourth ESWI Influenza Conference” (Visuel CDC “of two avian influenza A (H5N1) virions, vignette United States Department of Agriculture)
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