Imaginez un wagon fou se dirigeant vers 5 personnes qui ne peuvent pas échapper à son passage. Maintenant, imaginez que vous avez le pouvoir de détourner le wagon sur une autre piste occupée par une seule personne. Que feriez-vous ? C'est dans le texte, la question posée par cette étude menée par des chercheurs du Michigan State University et publiée dans Emotion, la revue de l'American Psychological association.
Cette expérience offre un nouvel éclairage sur le dilemme moral qui, pour la première fois est présenté comme une expérience comportementale dans un environnement virtuel, avec des images, des sons et la vision des conséquences des actions.
Ce dilemme moral a été posé à 147 participants placés dans un univers en 3D et qui avaient le pouvoir (virtuel !) de sacrifier une personne pour en sauver cinq. Les participants étaient munis de capteurs qui mesuraient leur excitation émotionnelle. Dans le monde virtuel, chaque participant était placé à un aiguillage d'où partaient 2 pistes. Sur la piste de droite, cinq personnes marchaient le long de la piste bordée par un ravin escarpé qui les empêchait d'en sortir. Sur l'autre piste, une seule personne. Lorsque le train apparaît à l'horizon, les participants peuvent soit ne rien faire et le laisser écraser les cinq randonneurs soit actionner un interrupteur qui reroute le train vers l'autre voie occupée par un seul randonneur.
Sur les 147 participants, 133 (ou 90,5 pour cent) activent l'interrupteur pour détourner le wagon, ce qui entraîne la mort du randonneur isolé. 14 participants laissent le wagon poursuivre sur la même voie et tuer les cinq randonneurs et parmi ces 14 participants 3 ont activé l'interrupteur mais l'ont vite remis en position initiale.
L'étude constate également que les participants qui n'ont pas activé l'interrupteur sont plus fortement excités sur un plan émotionnel. Les raisons en sont probablement, suggère l'auteur, l'énorme anxiété ressentie par ces participants.
Donc, 90% des participants ont tiré ce commutateur pour rediriger le wagon, suggérant que la grande majorité d'entre nous sommes prêts à enfreindre une règle morale si c'est un mal vraiment « nécessaire ».
La règle du « Tu ne tueras point » peut donc être dominée lorsque l'enjeu est le bien du plus grand nombre, explique Carlos Navarrete David, auteur principal et féru de thèmes de recherche comme la moralité… « Certains êtres humains ont une telle aversion pour le fait de nuire à autrui qu'en dépit de la pensée rationnelle et de l'anxiété, ils ne font pas le choix du plus grand nombre.»
Source: Emotion Nov 21, 2011, doi: 10.1037/a0025561 « Virtual morality: Emotion and action in a simulated three-dimensional “trolley problem””
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