Magazine Culture
Camilla Läckberg, la nouvelle reine suédoise du polar bénéficie, comme d'autres, de la vogue qui porte, dans le genre, les auteurs scandinaves. Mais - même si je dois préciser que je n'ai pas lu ses ouvrages précédents, c'est-à-dire ceux qui l'ont rendue célèbre et qui peut-être méritent l'attention - je m'interroge sur ce qu'au Nouvel Observateur on appelle les raisons d'un succès. Cyanure est un roman policier construit à la manière d'Agatha Christie, mais sans le charme que celle-ci a donné à des intrigues aujourd'hui légèrement surannées - le côté suranné ajoutant d'ailleurs au charme...Martin, un flic manquant d'expérience, a été invité par sa petite amie Lisette à une fête familiale organisée sur une petite île à l'occasion de Noël. A la tête de la dynastie, le vieux Ruben, richissime homme d'affaires dont la descendance lorgne avec avidité sur la fortune. Lors d'un repas, Ruben meurt, empoisonné au cyanure comme le prouve la caractéristique odeur d'amandes amères dont les (mauvais) romans policiers font souvent usage. Puis un de ses petits-fils, Matte, est assassiné par balle...L'atmosphère lourde, le soupçon généralisé, la haine glissée comme un coin entre les membres de la famille, le huis clos assuré par une tempête qui interdit de se porter sur le continent... et Martin en observateur maladroit, tout est rassemblé pour une énigme classique, à résoudre en 150 pages comme une partie de Cluedo.Mais quelle pesanteur! Camilla Läckberg traîne son ennui et tente de nous le faire partager. Elle y réussit à peu près. C'est d'ailleurs la seule réussite de ce roman à oublier au plus vite.